dimanche 27 décembre 2015

[Live-report] Bane + Backtrack + Mind Awake @ Gibus Live



Ce mercredi 9 décembre fut une soirée assez spéciale : d'une part car c'était le dernier concert de l'année pour moi et qu'au vu de tous les événements de cette année 2015, il me semble important de prendre le temps de se changer les idées avec de la bonne musique mais également car le Gibus live se trouve à deux pas de la Place de la République, où je n'avais pas mis les pieds depuis les attentats. C'est donc une ambiance pesante qui se dégage de cette place désormais, remplie de fleurs, bougies, cadeaux et autres offrandes. Après avoir fait le tour, en silence, de cette place en compagnie d'un ami, on se rend vers la salle avec une seule idée en tête : profiter à fond de cette soirée, qu'importe de quoi l'avenir est fait.

C'est la première fois que je me rends au Gibus Live.. salle qui accueillera en janvier le Persistence Tour (Ignite, H2O, Terror et consorts...). Première réaction : c'est tout petit ! Pas que ça me gène, bien au contraire, préférant de loin la simplicité et l'intimité d'une salle de petite taille, rappelant les plus belles heures du Metal et du HxC mais je me dis que celle-ci ne pourra jamais accueillir tous les groupes du Persistence (pour info, Terror ou H²O remplissent le Petit Bain à eux seuls..)., jusqu'au moment où je comprends que le rideau derrière nous peut s'enlever et, je suppose, agrandir considérablement la salle. Ingénieux et rassurant.

J'ai enfin l'occasion de voir Mind Awake sur scène. J'ai arrêté de compter le nombre de fois où l'on m'a vanté les qualités live de ce groupe.. et on ne m'avait pas menti ! Bon, au delà du fait que leurs balances ont duré deux fois plus longtemps que leur temps de jeu (30 minutes de balances contre 15 minutes de jeu), ce fut du tout bon pour les Parisiens. Tout me plait dans ce groupe : du chanteur à la voix éraillée qui, malgré un public assez timide en ce début de soirée, se donne à fond (il a demandé un nombre incalculable de stage dive... dommage qu'il n'y en ait pas eu !) et hurle sa hargne à qui veut l'entendre, aux zicos au taquet, sautillant partout sur scène et clairement venus là pour montrer que Mind Awake en a dans le pantalon. Le seul hic de leur show : la durée, comme je l'ai dit plus haut... j'en aurai bien pris encore 10 minutes de dévissage de tête en bonne et due forme. A revoir rapidement !



C'est au tour de Backtrack d'envoyer des mandales par paquet de douze. Bon, je ne le cache pas, je suis devenu un fan absolu de Backtrack (que je préfère à Bane même si j'aime beaucoup leur musique également) et je l'assume complètement : c'est pour moi la relève du NYHC ! Et ils viennent, sans aucuns problèmes, de confirmer mes dires lors de cette soirée. Et vas y que je te balance des tueries monumentales comme "Wash Away", "Their Rules" ou "Erase the Rat", que je retourne la salle à coup de "Under Your Spell" ou encore que j'entraîne le public à se briser les bras avec "Nailed to the Tracks". Que dire de plus finalement ? C'est hyper classique mais d'une efficacité et surtout d'une énergie démentielle. Même plus besoin de dire quelque chose... il suffit juste d'écouter pour comprendre !



Afin de finir la soirée en beauté, c'est Bane qui déboule sur scène et j'avoue avoir eu du mal à rentrer dedans au début : déjà car Backtrack m'a retourné le cerveau mais aussi car le chanteur de Bane est assez spécial, charismatique certes, mais que ce soit au niveau de son attitude ou de sa voix, un temps d'adaptation peut être requit. Mais la qualité de leur musique m'a vite rattrapé et plus le show avançait, plus je me pris au jeu. Bane commença donc sobrement (chansons plus mid tempos par exemple) afin de finir en beauté avec des titres énergiques comme "Count Me Out" ou "Can We Start Again" où le public fera les chœurs, connaissant les paroles sur le bout des doigts. Notons que Bane fera souvent des petites pauses entre les titres, ce qui peut légèrement faire décrocher du show par moment. Ceci dit, le groupe en profitera pour parler, à de nombreuses reprises, avec le public en expliquant par exemple, les galères qu'a pu rencontrer le groupe au fil des années ou parler des attentats de Paris. Le show fut donc sympathique, en dessous de celui de Backtrack à mes yeux, mais d'une sincérité limite touchante que le groupe a souhaité partager avec son public. Pourquoi pas après tout, la musique c'est avant tout du partage et ça, Bane l'a compris.



Une très bonne soirée vraiment intense, comme je les aime, avec trois groupes plus que convaincants. J'ai donc hâte de refouler cette salle pour le Persistence mais également pour Power Trip ou No Turning Back !

Chab

jeudi 10 décembre 2015

Chronique : Backtrack - Lost in Life (2014)


Après quelques démos/EP, Backtrack avait proposé en 2011 son premier opus, Darker Half, de très bonne facture mais souffrant peut-être de longueurs par moment. Loin d'abandonner l'idée de montrer au monde que le NYHC n'est pas mort, Backtrack revient en 2014 avec un second opus intitulé Lost in Life, sortie sous l'écurie Bridge Nine Records (H²0, Have Heart, Defeater, Expire...)

L'album commence sur les chapeaux de roue tant les premiers titres sont des hits en puissance : de la fédératrice "Their Rules" au refrain ravageur à l'excellente "Wash Away" qui propose de belles parties de mosh part en passant par "Lost in Life" à la rythmique dévastatrice, Backtrack propose un enchaînement de chansons qui donnent clairement envie de se jeter dans la fosse, enchaîner les stage dive et les mosh sans aucunes concessions.

Quelques titres, au contraire, ralentissent un peu la cadence à l'instar de l'excellente "Tortured", "Still Searching", "Right This Wrong" ou encore "Under Your Spell" où viendra s'inviter le chanteur de Turnstile, reconnaissable par son timbre et son phrasé unique en son genre. Par ailleurs, on se rend compte que cet opus est une véritable histoire de "famille HxC" : David Wood, chanteur de Down to Nothing et également bassiste chez Terror pose sa voix sur "Their Rules" alors que Dan Seely (King Nine) est présent sur "Lost in Life" par exemple.

A la différence de l'album précédent, aucun moment ne nous fait décrocher, aucune impression de longueur à l'horizon : le groupe enchaîne les titres sans temps mort, proposant un savoureux mélange de mosh part, de rythmiques percutantes et de refrains donnant envie de tout casser. Un petit mot également sur la production qui se veut parfaite de bout en bout : puissante, claire mais surtout, point très important, celle ci met tous les instruments en valeur (quel plaisir d'entendre si distinctement la basse !).

Backtrack serait la relève du NYHC ? Clairement, oui. Backtrack fait partie de ces groupes qui montent et qui prouvent au monde que le Hardcore n'est pas mort, loin de là. A défaut d'être original car très classique dans son approche, ce Lost in Life reste un album de qualité que tout fan de Hardcore se doit d'écouter au moins une fois.


Chab

mercredi 9 décembre 2015

Live-Report : Turnstile + Forced Order (Mécanique Ondulatoire)


Depuis que j'écoute du Hardcore, c'est à dire environ deux ans maintenant, j'ai rarement pris une aussi grosse claque qu'avec l'album de Turnstile, Non-Stop Feeling qui port très bien son nom. Alors lorsque j'ai vu que le groupe passait à la Méca, mon sang n'a fait qu'un tour. D'autant plus que j'avais raté leur date l'année dernière dans la même salle (quel idiot ai-je été de ne pas y aller !). Turnstile a une certaine hype dans le milieu du HxC depuis un certain temps.. hype que je trouve totalement justifiée tant leur son est unique, un savoureux mélange de HxC et de parties plus mélodiques, de voix claires (à l'instar de "Blue by You" par exemple).

Avant de parler du show de Turnstile, il serait bon de parler de Forced Order qui a dû ouvrir les hostilités.. dans des conditions assez difficiles ! Loin d'être mauvais, les Ricains ont surtout hérité d'un son mauvais : une basse trop élevée dans le mix, assourdissante au possible (c'est con, c'est pas du Doom !) et des larsens à foison, pas forcément voulus de la part du groupe. Du coup, malgré un public en forme (les premiers mosh déboulent dès les premiers titres), je resterai assez hermétique à leur show. Le groupe reste objectivement assez bon, très dynamique sur scène mais les problèmes de sons (putain mais ces larsens dégueulasses...) me font constamment sortir du show. J'avoue avoir apprécié les derniers titres aux rythmiques entrainantes et où le son s'améliorait un peu... mais je reste déçu de ce concert. Prochain objectif ? Les revoir avec un bon son car je pense être passé à côté de quelque chose.. Et je suis sûr que ce groupe en vaut la peine !


Enfin ! Enfin je peux voir Turnstile ! On m'a vendu beaucoup de rêves sur les show de Turnstile, me vantant les mérites du groupe à maintes et maintes reprises. Alors, ça vaut quoi ?

Dès les premiers accords, la Méca se déchaîne : tout le monde commence à bouger, le pit se déchaine et le groupe commence son show en enchaînant des titres comme "Drop", "7" ou "Keep It Moving". Héritant d'un son aux petits oignons, Turnstile se déchaine sur scène : bien plus violent que sur skeud, le groupe prend une ampleur phénoménale en live ! Malgré une Méca étouffante au possible (et remplie à bloc), ça mosh, ça slam, ça chante en chœur. Turnstile va proposer des titres issus de leur unique album ("Drop", "Gravity" où le public va clairement péter un câble et se donner à fond, "Fazed Out" ou encore la mélodique "Blue by You" chantée par le guitariste) mais également des EPs précédents avec l'excellente "Pushing Me Away", "The Things You Do" ou encore "Death Grip". 

Bien sûr, la Mécanique Ondulatoire ne permet pas au groupe de beaucoup bouger sur scène mais qu'importe, Turnstile est là pour faire plaisir au public et s'en donne à cœur joie. Le concert se voulait assez court (35 minutes en gros) et pourtant... Et bien oui, ce concert fait partie de mes préférés, tous genres confondus. Certes, c'est court.. et alors ? J'ai pris l'une de mes plus belles claques, tout simplement. Turnstile est rentré dans la cour des grands.. en espérant qu'il y reste un moment !

Et histoire de finir ce court report de la plus belle des manières, je vais citer un de mes amis qui a tenu les propos suivant à la sortie de ce concert et qui résume très bien ce que je pense : "Si quelqu'un me demande pourquoi j'aime le Hardcore, je lui dis tout simplement d'aller voir un concert de Turnstile".



Chab



Live-report : Andréas & Nicolas + Les 3 Fromages + Magoyond


J'ai entendu beaucoup de bien des live d'Andréas & Nicolas. N'ayant jamais vu le duo, je me suis décidé au dernier moment à prendre ma place, histoire de rigoler un bon coup le temps d'une soirée. Le Petit Bain étant, de plus, une salle que j'apprécie énormément, je me rends donc à ce concert le sourire aux lèvres. Mais avant de voir le duo, deux premières parties vont ouvrir les hostilités : Magoyond et Les 3 Fromages

Magoyond était inconnu au bataillon pour ma part. Et quelle découverte ! Le groupe joue sur une ambiance "Zombiesque", aussi bien au niveau du visuel qu'au niveau des textes des chansons. Profitant d'une salle assez bien remplie, le groupe va nous emmener dans son univers fun et délirant. Pour cela, une petite ouverture sur "Death Train" et le public fut conquit tout de suite. Les membres du groupe, en particulier le chanteur, sont des vrais show-man : on assiste à un vrai spectacle théâtral bourré d'humour et de zombies. Quelques titres m'ont bien marqué, en particulier "Adopte un Zombie" ou encore "Zombitch" tirée de leur nouvel EP. Bref, j'ai rarement eu une première partie qui m'a autant enchanté !


Les 3 Fromages.. je me souviens encore avoir beaucoup apprécié leur premier album bourré de chansons décalées et assez drôles. Du coup, c'est avec un  grand plaisir que j'observe leur prestation. Aujourd'hui, le groupe en est à son 3ème opus (je ne connaissais pas du tout les deux derniers) et, finalement, fait plus office de co-headline que de réelle première partie. Le trio a clairement le public dans sa poche : entre deux titres, ça discute avec le public, ça fait des blagues et ça donne surtout envie de bouger !

Peu de chansons du premier album hormis "Les Routes de Nantes" et "Je te trouve tellement jolie" mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier les autres titres joués ce soir : "Allons chez Toi", "Sombre Héros", "BB Rockers" avec un membre des Fatals Picards qui vient jouer avec le groupe, "Nirvanoir" avec en amont les premiers riffs de "Back in Black" d'AC/DC et "Enter Sandman" de Metallica, "La Galère d'un Pirate" avec un backdrop qui bouge en rythme ou encore "Et à la Fin.." où le groupe enchaînera spoiler sur spoiler, dans la joie et la bonne humeur, en gachant bon nombre de fin de films/séries à l'instar de Breaking Bad, Seven, Le Sixième Sens ou encore Fight Club (c'est con, j'avais pas vu Breaking Bad !).

Notons la venue d'Andréas et Nicolas qui, à cause d'un vol de "blagues" (sur Will Smith, tant qu'à faire !) vont se lancer dans un petit rap (reprise de "Soirée Ratée" d'Orelsan !) devant un public bien chaud. Enfin, j'ai énormément apprécié leur reprise de "C'est toi que je t'aime" des Inconnus mise au goût du jour de la plus belle des manières. Le set se termine sur un petit rap du groupe ("Ca Nous Soûle") qui permet au groupe de se lâcher complètement, sans instruments et en sautant partout, haranguant la foule à tout va. Les 3 Fromages m'ont convaincu en tout point : rythmées, drôles et surtout calibrées pour le live, leurs chansons ont fait mouche durant une heure de jeu. Vivement de les revoir !


Ha Andréas et Nicolas.. Même en ces temps un peu sombre, le public a répondu présent en masse pour une bonne tranche de rire. Finalement un concert d'Andréas et Nicolas, c'est bien plus qu'un simple enchaînement de titres : c'est surtout un moment de partage (avec pas mal de beaufs il faut bien l'avouer), de rires, de blagues et, bien sûr, de chansons bien fun. 

Au nombre de trois sur scènes (et oui, il ne faut pas oublier le célèbre mais néanmoins indispensable Singe Batteur), Andréas et Nicolas vont nous faire rire de bout en bout à coup de "Putain ! Putain ! Putain !", "Salut tout l'Monde", "Chatroulette", "Elle change la K7 dans la tête du chat", "Ma super chérie", "Super S*****" ou encore "Je collectionne des canards (vivants)", chanson phare du groupe.

Mais le groupe n'oublie pas de faire participer le public : en faisant monter sur scène des personnes régulièrement (une fille pour chanter sur "Putain ! Putain ! Putain !", une autre pour le jeu du Sac Poubelle ou encore tous ceux qui avaient des t-shirts "Je collectionne des canards" pendant la chanson du même titre) mais en prenant également à partie des gens dans le public, histoire de se moquer d'eux amicalement, un peu à l'instar des one-man show humoristiques que l'on peut voir régulièrement à la télé.

La soirée s'enchaina très vite malgré quelques absents dans la set-list comme "Montrez-moi vos miches" ou "Toutes les filles qui jouent au foot". On aurait aimé également voir GiédRé déboulée sur scène pour chanter avec le duo mais ne boudons pas notre plaisir : le concert fut très bon du début à la fin ! Finalement, il est assez difficile de faire un report poussé sur un groupe de ce genre : bien plus qu'un concert, c'est un vrai show auquel on a le droit, un mélange de musique, d'humour et de second degré. On ressort du Petit Bain le sourire aux lèvres : qu'on se le dise, mettre son cerveau sur OFF le temps d'une soirée, ça fait vraiment vraiment beaucoup de bien !

Chab


mercredi 25 novembre 2015

Live-report : Vektor + Angelus Apatrida + Distillator au Glazart (Paris)

Ce n'est pas forcément hyper serein que l'on se rend au Glazart en ce dimanche 22 novembre. Une semaine après les attentats ayant frappé Paris, on pourrait supposer que l'ambiance allait être fortement pesante. Quelle surprise de voir nombre de personnes rigoler et boire une petite pinte, comme si de rien n'était. Quel plaisir, également, de retrouver bon nombre d'amis et de connaissances pour une date fortement attendue par les fans de Thrash. Car même si la salle n'est pas remplie, nous retrouvons ce soir-là une vraie bande de passionnés pour qui la musique est un exutoire et, finalement, une passion avant tout de chose.

J'avais un peu peur de voir Vektor au Glazart, je dois bien l'avouer. Cette salle n'est pas spécialement réputée pour avoir un bon son, bien au contraire. Alors pour du Thrash, ça peut vite partir en bouillis sonore.

Pourtant, quand Distillator commence à jouer, la première réaction que l'on a c'est "Ouah mais le son est bon !". Les mecs de Distillator nous viennent tout droit des Pays-Bas et proposent du Thrash old-school, classique certes, mais d'une efficacité redoutable : à coup de gros riffs old-school et de compos survitaminées, les Hollandais vont tout détruire sur leur passage. Devant un parterre moyennement rempli (mais qui va grossir au fur et à mesure du show des Hollandais), Distillator va nous montrer qu'ils en ont dans le froc à coup de "Shiver in Fear" ou "Revolutionary Cells". Notons également un final sur "Black Magic" de Slayer et vous obtenez une première partie hyper classique mais qui donne la patate à la seconde où elle commence à jouer.


Je ne suis pas forcément un gros gros fan des groupes de Thrash récents (hormis quelques exceptions comme Gama Bomb, Vektor bien sûr, le premier skeud de Lost Society, Havok et maintenant Distillator !) et Angelus Apatrida fait partie des groupes qui me laissent, désormais, de marbre. Je dis "désormais" car il est vrai qu'il y a quelques années, j'appréciais plutôt bien les Espagnols. Mais bon, leur Thrash ne me fait, maintenant, ni chaud ni froid en studio. Quid du live ? C'est efficace, pour sûr, mais je n'accroche toujours pas des masses. Pourtant, force est d'avouer que les membres se donnent à fond : haranguant le public régulièrement, assez communicatif dans l'ensemble et proposant des titres tantôt rapides/bien Thrashy, tantôt un poil plus mélodique sur certains refrains (titres sûrement issus du dernier album que je ne connais pas bien donc forcément...), Angelus Apatrida fait mouche auprès d'un public acquit à leur cause. J'ai reconnu quelques titres comme "Give'Em War" ou le final "You Are Next" assez efficace, il faut bien l'avouer. Ce n'est plus vraiment ma came mais le concert était loin d'être mauvais.


Il y a certaines fois, lorsqu'un concert débute et que l'on entend seulement quelques notes de guitares, on se dit immédiatement : "ce concert va être énorme !". Ce fut clairement le cas pour mon premier concert (et sûrement pas le dernier !) de Vektor ! S'il y a bien un groupe récent de Thrash qui vaut le détour, c'est bien eux : techniquement incroyable, proposant des structures de chansons tantôt bien rentre dedans, tantôt très alambiqués avec une voix bien éraillée, limite Black par moment, Vektor met le paquet en studio. Et en live alors ? On retrouve la même hargne, la même technicité, la folie du live en plus. Vektor piochera dans ses deux albums : dans Black Future bien sûr avec la chanson éponyme très efficace et fédératrice en live, "Deoxyribonucleic Acid" ou encore "Asteroid" en rappel mais aussi Outer Isolation avec le must "Testrastuctural Minds"et le meilleur titre de la soirée à mes yeux, l'incroyable "Accelerating Universe" qui du haut de ses 13 minutes va clairement m'hypnotiser tant la prestation du groupe sur ce titre est proche de la perfection. Vektor proposera également 3 nouveaux titres, issus du prochain album à venir en 2016, dont la très bonne "Ultimate Artificer" que l'on a pu écouter en amont sur internet.

Vektor a proposé un show incroyable devant une salle certes loin d'être complète, mais composée de passionnés avant tout. Les trois groupes ont fait mouche ce soir, mention particulière pour Distillator qui a su ouvrir la soirée de la plus belle des manières et bien sûr pour Vektor qui prouve que même lorsque l'on est un groupe de Thrash récent, on peut être original, doué et impressionnant techniquement.



J'ai passé une superbe soirée en compagnie de pas mal d'amis et connaissances. Et si je ne le fais jamais d'habitude, car c'est un live report et pas un statut facebook, je vais finir, exceptionnellement, par remercier toutes les personnes qui étaient là ce soir et avec qui j'ai pu discuter, rigoler et passer de bons moments malgré une ambiance Parisienne assez tristounette. Merci à : les trois membres de Deathroned qui sont toujours de la partie et avec qui on s'éclate bien (Arno, Jul Jul, Dave !), Karina, Jérôme, Alex et Hélène, Flofl', Chabi, Titouan, Sebastien, Mathieu, Alexandre et Eugénie, William d'Above Us, Pok, Meli Sane !

Chab

jeudi 5 novembre 2015

Chronique : Vhöl - Deeper Than Sky



Triste de ne plus officier que dans une seule formation après le split du groupe de Post-Black Ludicra, John Cobbett (toujours gratteux chez Hammers of Misfortune) s’entourait il y a 2 ans de quelques personnalités du milieu Metal pour relancer un projet « dans la veine de Discharge et avec des riffs de Judas Priest ». Ayant rappelé son bon pote Aesop Dekker, ex-batteur de Ludicra et officiant chez Agalloch ; ainsi que Mike Scheidt, le vocaliste talentueux de Yob à la voix si caractéristique, Cobbett lance Vhöl fin 2012 et en termine le line-up avec sa femme, Sigrid Sheie, à la basse. Supergroupe ? Vous avez dit supergroupe ? 

C’est vrai qu’avec un line-up pareil, on pouvait espérer s’attendre à une musique intéressante, et le combo américain n’a pas déçu avec le premier jet sorti chez Profound Lore en 2013 : Vhöl balançait un hybride entre Black illuminé aux leads hétéroclites qu’on pourrait aisément qualifier de « cosmiques », et d’un Speed Metal burné à l’énergie bien Punk. Primal, puissant, tout en gardant une énergie très psychédélique, voire extraterrestre, avec des breaks atmosphériques teintés d’Ambient et des compositions dominées par la voix illuminée et très aigue du sieur Scheidt. Autant dire qu’après une telle surprise, j’attendais le successeur de l’éponyme avec impatience.

Démarrant sur les chapeaux de roues, Deeper Than Sky pose d’entrée la différence majeure avec Vhöl : moins de Black, l’album se veut plus axé Speed/Thrash. Dès les premières secondes, les riffs et soli de l’intraitable John Cobbett défilent dans un style très Thrash pour se faire ensuite accompagner par la voix toujours aussi reconnaissable de Mike Scheidt. Le refrain arrivé, l’auditeur peut tout de même se rassurer en se disant que tout ce qui faisait un excellent album du précédent est toujours présent ici, quoiqu’en dose plus subtile : les arpèges cosmiques du prérefrain dominées par les cris illuminés de Scheidt ne trompent pas.

Cependant, comme dit plus haut, le côté psychédélique des compositions s’est un peu estompé et prend moins de place. C’est plutôt évident sur « 3AM », la piste la plus Punk du disque, « Deeper Than Sky » et son riffing Thrash très véloce et même assez technique, ou encore « Red Chaos », véritable rouleau compresseur au refrain extrêmement addictif et dont la double grosse caisse se fait un plaisir d’accompagner les riffs étouffés bien nerveux. L’essence Black du premier album perd aussi un peu de consistance, revenant comme sur « Lightless Sun », « The Tomb » (toutes deux en fin d’album), ou lors de blasts plus épars.  Malgré ce manque, l’ambiance très sci-fi illuminée du premier album persiste.  On peut par exemple citer la chanson-titre et son long break envoûtant, entre Ambient cosmique et Post-Rock, dont une flûte dissonante vient compléter les cris désarticulés de Scheidt en proie au vide de l’espace infini. « Lightless Sun », piste la plus Black et la plus proche du premier album, est elle aussi délicieusement ambiancée, et je ne peux résister de parler de cet instant magique lors duquel la batterie blaste sur des arpèges acoustiques de la guitare pour un rendu assez fabuleux du vide intersidéral. On notera aussi la volonté du groupe de toujours vouloir faire transpirer ce côté bariolé de la science-fiction par les superpositions de plusieurs pistes vocales de Scheidt afin de donner un air grandiose et théâtral aux morceaux (le break de « Red Chaos » est absolument génial), ou de nombreuses petites pauses acoustiques entre les assauts des riffs véloces pour rééquilibrer l’ambiance.

Si les atmosphères se font plus subtiles, Deeper Than Sky gagne par contre une dose non-négligeable de fun à l’ancienne. Tous les riffs transpirent ce glorieux Speed/Thrash infusé d’une énergie Punk (en vrac) des années 80 et, contrairement au premier opus, John Cobbett se fait ici un malin plaisir à envoyer de nombreux soli très typiques dans les oreilles de l’auditeur, toujours dans une veine assez bigarrée et un peu excessive (dans le bon sens du terme) qui renforce le côté théâtral de la galette. Impossible aussi de parler d’amusement sans évoquer « Paino », à la faute intentionnelle, mettant en scène un piano martelé avec force par Sigrid Sheie et uniquement accompagné de sa basse vrombissante et de la batterie. Véritable moment phare de l’album, c’est un peu la « Cantina Song » de la bande à Cobbett : une piste addictive et ultra sympathique comme bande-son d’un saloon se voulant repaire de brigands de l’espace.

Grosse amélioration par rapport au premier opus, c’est la production 5 étoiles que nous a concocté le guitariste en chef. Tous les instruments sont à leur place, en commençant par les guitares très tranchantes, acérées et dont les soli transpercent vraiment les cieux. C’est aussi un réel plaisir d’écouter la superbe basse de Sheie : sachant toujours se faire entendre, elle occupe une espace considérable dans le spectre sonore et se permettant quelques petites folies comme sur « Paino », le solo au milieu de « Red Chaos » et différents breaks plutôt délectables, avec un son très gras et distordu mais à la clarté exemplaire.  Aesop Dekker n’est pas en reste et bénéficie d’un traitement très carré pour sa batterie qu’il se fait un plaisir de marteler dans un exercice de style beaucoup moins subtil en apparence que chez Agalloch mais dont la maîtrise est évidente ; du Thrash plus basique à la double basse furieuse de « Red Chaos » et en passant par les blasts de fin d’album. Quant à la voix de Mike Scheidt, elle supplante tout ce joyeux bordel avec aisance et versatilité. Qu’elle s’essaie aux chœurs bourrés d’échos ou au cris Thrash plus bourrus, elle parvient toujours à convaincre. Les fans du bonhomme seront aussi comblés, sachant que ses aigus si particuliers qu’on admirait déjà dans Yob occupent une bonne partie du disque.

Au fil des écoutes et après une relative incompréhension de ne pas retrouver immédiatement ce qui faisait de Vhöl un grand album, force est de constater que de Deeper Than Sky est une mutation réussie d’un groupe qui ne se contente pas de ressortir les mêmes compositions sous un nouveau nom. Perdant un peu du côté Black mais gagnant en Thrash et distillant ses ambiances avec plus de parcimonie, Vhöl signe un opus mature et complet, pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment leur Metal original, empreint d’une nostalgie respectueuse mais regardant toujours en avant.

Lapin

 


dimanche 1 novembre 2015

Live-report : Slayer + Anthrax + Kvelertak (Zénith de Paris)



Je n'étais pas vraiment tenté de venir à cette date. Dans l'idée, l'affiche était jolie mais le prix (50.50€) me rebutait, en particulier car la tête d'affiche ne me tentait pas plus que ça. J'apprécie Slayer bien évidemment mais les ayant déjà vu 3 fois, leurs shows se veulent assez identiques en général. De plus, leur dernier album, Repentless, n'est vraiment pas inoubliable.

Mais bon, revoir Kvelertak et Anthrax était une bonne raison de se déplacer le 26 octobre au Zénith de Paris. Du coup, me voici, en compagnie de pas mal d'amis et connaissances devant la salle, à discuter et attendre l'ouverture des portes.

Quid de cette soirée ?

Tout débute avec Kvelertak qui, en quelques années, ont vu leur notoriété s'envoler. Je me souviens encore de la première fois où je les ai vus : c'était au Glazart, en ouverture de Coliseum. A titre d'information, nous étions 15 devant leur show à cette époque. Mais ça c'était avant car, même si le Zénith est loin d'être rempli quand le groupe arrive 18h30, le public se voulait bien chaud (le pit commence déjà fort) quand le groupe balance "Apenbaring".

Même si le son se veut assez brouillon, le groupe est bien en forme : le chanteur commencera par mettre sa tête de hibou/chouette (désolé mais la différence entre les deux.. je ne la connais toujours pas !) et tout s’enchaîne vite : "Nekroskop" déboule et met tout le monde d'accord puis le tubesque "Mjod" convaincra les plus indécis. Kvelertak est ici pour mettre le feu et c'est totalement réussi. Fier de deux albums, le groupe proposera un savoureux mélange des titres de ceux-ci avec "Manelyst", "Ulvetid" ou encore, en finale, la fédératrice "Kvelertak". Peu de chose à dire sur leur show : c'était carré, efficace bien qu'un peu trop court. Mais on a rarement vu une première partie aussi bien acclamée !



Cela se voyait au nombre de t-shirts à leur effigie, Anthrax était attendu au tournant surtout depuis leur annulation, un an auparavant, sur la date regroupant Slayer, Anthrax, Mastodon et Ghost mais aussi l'annulation de leur venue au Hellfest 2015. Autant dire que les fans attendaient avec impatience la venue des Ricains. Alors, verdict ?

Un show vraiment plaisant, dynamique mais malheureusement entaché de quelques défauts. Tout d'abord, Belladonna qui, à plusieurs reprises, chante faux. Je suis d'accord, il n'a jamais brillé par son talent vocal (surtout comparé à Bush !) mais cela faisait un peu grincer des dents par moment. Le second défaut se révèle être la set-list. Bien sûr, on retrouvera de très bons titres comme "A.I.R", "Caught in a Mosh", "Madhouse", "Indians", "Among the Living" et même une reprise de "March of the S.O.D" qui fait vraiment plaisir à entendre mais, malheureusement, on notera l'absence de "I Am the Law", "N.F.L" ou encore "I'm the Man" pourtant joué sur d'autres dates. Et c'est vraiment dommage, surtout que jouer "Antisocial" ou "In the End" n'était vraiment pas nécessaire...

Ne boudons pas notre plaisir car le groupe a tout de même envoyé la sauce en live : les tubes "Madhouse" ou "Caught in a Mosh" font toujours leur petit effet. Le public chantera à tue-tête les refrains et se lâchera dans le pit, encore plus conséquent que sur Kvelertak. Le final sur "Among the Living" fut vraiment très bon, montrant un groupe ayant du vécu, certes, mais loin d'être k.o : une énergie incroyable a été déployée durant tout le show d'Anthrax. Belladonna s'en donnera à cœur joie et occupera toute la scène sans soucis tandis que les musiciens balanceront la sauce durant l'heure de jeu (une petite heure !) accordée au groupe.

Anthrax en live, c'est toujours sympa : des titres fédérateurs, une énergie positive à bloc, un public déchaîné... Il est juste dommage que le groupe ne prenne pas un peu plus de risques sur sa set-list. Certes, le temps de jeu n'était pas non plus infini me direz-vous mais Anthrax gagnerait à mieux choisir ses morceaux. Et puis, une tournée en tête d'affiche serait franchement la bienvenue depuis le temps !



Je l'avoue, ayant déjà vu 3 fois (maintenant 4 du coup) Slayer en live, je ne m'attendais pas à de grosses surprises. J'entends par là que j'attendais un show carré, efficace mais bougrement classique. C'est exactement ce que j'ai eu. En fait, Slayer en live, c'est quand même très bon mais, passé la première fois qu'on les voit, on n'a tout simplement plus aucune surprise.

D'accord, le groupe a ajouté quelques titres du dernier album en date Repentless mais le show se révèle être dans la même veine qu'en 2014. A coup de "War Ensemble", "Chemical Warfare", "Die by the Sword", "Black Magic" ou encore "Seasons in the Abyss", Slayer a retourné le Zénith, comme à l'accoutumée. On notera l'absence de titres comme "Antichrist" ou "Spirit in Black" qui faisaient mouche sur la dernière tournée.

Le dernier album était donc, comme je l'ai dit plus haut, représenté dans la set-list : "Repentless" en ouverture, "Vices" ou encore "When the Stillness Comes". Si autant "Repentless" passe vraiment bien le cap du live et, finalement, s'incorpore très bien à la set-list du groupe, les autres titres restent bien en deçà des autres titres du groupe. La raison ? Ce dernier album loin d'être fameux, manquant même de couilles et de sueur : du Thrash bateau, loin d'être renversant, manquant de titres percutants et de solos dantesques. Un album typique du Slayer des années 2000 en somme.

Visuellement, Slayer reste très sobre : pas de fioritures, pas de musiciens qui bougent et s'approprient la scène.. non chacun est à sa place et le groupe cherche juste à envoyer la sauce. Et il est vrai qu'au bout d'un moment, ça devient un peu rébarbatif : faites un petit effort les gars et essayez juste de vous démarquer d'une tournée sur l'autre, qu'on ait pas l'impression d'assister 20 fois au même concert.

Efficace, classique (un peu trop justement), Slayer a néanmoins prouvé encore une fois qu'il était un poids lourd du Thrash US. Je n'étais clairement pas venu pour eux mais il est toujours plaisant de voir un concert des Ricains même s'ils passent peut-être un peu trop souvent. Oh tiens, ils viennent d'être annoncés au Hellfest... bon bah peut-être un 5ème round en 2016 alors !


Une soirée plutôt bonne dans l'ensemble, manquant peut-être du petit grain de folie qui aurait apporté un petit plus. Néanmoins, il est toujours plaisant de voir ce genre d'affiche arriver dans notre pays, même si le prix se veut en général assez élevé.

Chab

dimanche 25 octobre 2015

Live-report : Kamelot + Gus G + Kobra & The Lotus (Lyon)


Je suis allé 3 fois par le passé au Ninkasi Kao, bonne salle lyonnaise, idéale pour voir des concerts de groupes de metal d'ampleur moyenne : la salle n'est somme toute pas très grande (si l'on compare au Transbordeur ou au CCO de Villeurbanne qui sont un peu plus grandes), cela permet de voir les groupes d'assez près, et il y a un parking très pratique pas très loin (alors que pour se garer vers le CCO, je ne préfère pas en parler...). Il s'avère que les concerts auxquels j'ai assisté dans cette salle étaient toutes des dates Folk Metal, puisqu'il s'agissait de Finntroll (accompagné de Týr et Skálmöld), Eluveitie (accompagné d'Arkona et Skálmöld -de nouveau-) et plus récemment d'Ensiferum (avec Insomnium et Omnium Gatherum ; des premières parties certes non Folk mais dont la présence sur cette date restait cohérente). A part de courts moments négligeables, la sonorisation de ces concerts était très bonne.

C'est donc en défenseur de cette salle que je décidais de retourner au Kao ce 14 octobre. Avant d'avoir connaissance de leur passage cet automne, j'écoutais Kamelot de façon peu régulière, mais j'appréciais certains de leurs morceaux que j'ai toujours trouvé très intenses, comme "The Great Pandemonium", "The Haunting (Somewhere In Time)" ou encore "Center of the Universe". En apprenant leur venue à Lyon, je décidais de me pencher sur leur dernier album en date, Haven, et là ce fut le coup de foudre. Il y a tout ce que je recherche dans le metal mélodique actuel aux éléments power et/ou symphonique : à la fois des mélodies touchantes, accrocheuses et un sens de la composition capable d'instaurer une ambiance qui fait voyager, le tout parsemé d'éléments sombres, parfois alambiqués mais parfois aussi très directs. 
Je découvris le reste des albums du groupe par la suite et pris ma place pour ce concert.

Mais tout d'abord, il faut se farcir les premières parties. La soirée commence avec Kobra & The Lotus. Lorsque j'ai voulu découvrir ce groupe avant de venir, je n'ai déjà pas du tout aimé. Suivant la logique de groupes comme Huntress ou Battle Beast (ce dernier étant le seul de cette mouvance auquel j'accroche à peu près bien, sans que pour autant je parvienne à accrocher totalement), le combo propose un heavy metal qui se voudrait fédérateur, le tout avec un chant féminin tentant d'avoir le talent de Doro, et allant jusqu'à en imiter certains codes (vocaux ou physiques). Ces groupes récents ont la "malchance" de ne pas avoir autant de talent niveau compositions et n'arrivant à l'évidence pas tellement à proposer des refrains particulièrement fédérateurs, j'aime encore moins ces groupes dans la mesure où la mise en avant très exagérée de la chanteuse comme un produit commercial en mode "regardez on vous propose des boobs" est assez gerbante. 
Mais soit, essayons de voir ce que Kobra & The Lotus nous propose en concert!
...Ben y a rien. C'est vide, plat, moche, chiant, ennuyeux. Pourtant, les membres du groupe se montrent communicatifs, ont une présence scénique, et n'en sont pas à leur première scène. 
Si les morceaux ne m'ont pas accroché sur album, ils ne parviennent pas non plus à prendre une dimension intéressante et fédératrice en live. C'est dommage que les compositions soient selon moi si bâclées, parce qu'un groupe comme Battle Beast (dont je comprends néanmoins que certains le trouvent superficiel et inintéressant) avait su m'accrocher tout le long du concert auquel j'ai assisté au festival Bang Your Head en Allemagne en juillet dernier.


Bref, vivement le second concert de cette soirée, à savoir Gus G, qui j'en étais sûr, allait être capable de me consoler avec son heavy metal sympathique, pas révolutionnaire pour un sou, mais agréable et entêtant. Remettons un peu les choses dans leur contexte pour les personnes qui ne connaissent pas. Il s'agit du groupe du guitariste du même nom, connu pour être celui de l'infatigable Ozzy Osbourne depuis 2009, mais aussi de Firewind (depuis la création du groupe en 1998), de Dream Evil jusqu'en 2004 et de Mystic Prophecy jusqu'en 2005, ces trois derniers étant des groupes de Heavy/Power Metal respectés.
Le groupe Gus G a sorti, en dehors d'un album instrumental insignifiant en 2001, un album cette année (Brand New Revolution), faisant suite à I Am The Fire sorti l'année dernière. Mon écoute de ces albums avant de venir m'avait convaincu des talents de Gus G en dehors des trois groupes -que j'aime beaucoup- dans lesquels je le connaissais.

On assiste à une petite dizaine de morceaux, à la fois homogènes et variés, dans le sens où s'il y a un style Heavy Metal accrocheur avec la patte du Gus, on ne s'ennuie pas, grâce à des tempi variés et des mélodies non répétitives. Il ne faut par contre pas demander au groupe d'avoir inventé la poudre, on reste en effet dans un exemple d'interprétation du genre très codée, et on peut reprocher un certain manque d'originalité. Gus G fait bien entendu la part belle aux deux derniers albums, dont les morceaux sont très efficaces, tels "Burn" (qui débute le show), "Eyes Wide Open" ou "Come Hell or High Water". Mais je fus très heureux d'entendre le groupe interpréter le tube de Firewind qu'est "World On Fire", qui fait toujours preuve de son efficacité en live, que Gus soit accompagné du reste de Firewind (au Summer Breeze 2013, j'y avais bien pris mon pied) ou de ses acolytes qui accompagnent ce soir Gus G. Je ne connaissais pas le chanteur ni le bassiste, mais ils assuraient plutôt bien. Et on pouvait faire confiance au très bon batteur Johan Nunez, membre de...Firewind depuis 4 ans.
On approche de la fin du concert, et après un "I Am The Fire" fédérateur, le public fut très heureux d'entendre le groupe reprendre "Crazy Train" d'Ozzy Osbourne.



C'est l'heure maintenant d'accueillir mes petits chouchous. C'est un backdrop vraiment très grand qui a été installé, représentant bien évidemment le visuel de l'album Haven
Kamelot débarque sur "Veil of Elysium", un des tubes du dernier album, qui est peut-être d'ailleurs mon préféré de celui-ci (mais très dur à dire, tellement j'adore tout l'album). En tout cas, c'était l'un des titres que j'attendais le plus. Si le son semblait un peu fouillis au début du morceau, je n'ai pas été gêné par le son ensuite. Je précise néanmoins qu'un ami qui m'accompagnait a détesté le son tout le long du concert. Je n'ai pour ma part pas été déçu.

Les membres du groupe sont charismatiques, avec bien évidemment un Tommy Karevik au chant, au charme évident et à la voix majestueuse, aussi belle et impressionnante qu'en studio. La présence scénique du bassiste Sean Tibbetts m'a beaucoup marqué, avec ses expressions agréables du visage et ses tresses bien classes, qui tournoyaient majestueusement lorsqu'il headbanguait. Le guitariste et le batteur étaient par contre un peu plus discrets, et le claviériste Oliver Palotai encore plus, installé en fond de scène à côté du batteur.

On enchaîne avec le culte "When The Lights Are Down" de l'album très aimé The Black Halo, et une bonne partie du public chante le refrain en chœur. Le groupe aura donc débuté son concert avec deux morceaux power/speed alors qu'une bonne partie de l'oeuvre du groupe est bien plus mid-tempo. C'est pourquoi je ne serai pas surpris qu'on change un peu de registre après cette ultra-efficace entrée en matière. En effet, Kamelot interprète alors l'énormissime mais plus lent et ambiancé "The Great Pandemonium", qui sera le seul représentant de Poetry For The Poisoned dans cette set-list. Je ne continuerai pas ce live-report par un pur track-by-track, de peur d'ennuyer les lecteurs et lectrices.

Mais les fans des morceaux cultes période Roy Khan seront également rassasiés par des titres comme "March of Mephisto", "Center of the Universe", "Rule The World" et "Forever".
Le public aura par ailleurs la surprise d'une invitée de marque pour les voix féminines intervenant sur "Veritas", "Liar Liar (Wasteland Monarchy)" et "Sacrimony (Angel of Afterlife)", puisque c'est Elize Ryd que l'on voit débarquer sur scène. Qu'on aime ou non son groupe Amaranthe (pour ma part, j'aime beaucoup), il n'y avait rien à reprocher à sa prestation avec Kamelot ce soir. 

L'album Silverthorn fut également représenté par "Torn", qui n'est rien de moins que mon morceau préféré de cet album, donc je fus aux anges. Je vois que par ailleurs j'étais loin d'être le seul fan de Haven, vu le succès bien mérité que le public accorda aux autres morceaux de l'album, à savoir le prenant "Insomnia" et la ballade "Here's To The Fall". Mais le clou du spectacle est le monstrueux "Revolution", peut-être le morceau le plus violent de Kamelot. Il y eut même un beau pogo sur ce titre (alors que je ne m'y attendais pas à ce qu'il y en ait à un concert de Kamelot), et c'était largement compréhensible. Ce morceau à la fois prenant, violent et fédérateur a pris toute sa dimension en live, alors que je le trouvais déjà parfait sur album.

Le groupe aura tout de même joué 15 morceaux. Je fus très satisfait de l'expérience et c'est avec plaisir que reverrai le groupe si l'occasion se présente. Après un petit tour au merch pour l'achat de t-shirts, je quittais le Ninkasi Kao le sourire aux lèvres.



Hepha

mardi 20 octobre 2015

Live-report - H2O + Alone + Homeboys au Petit Bain (Paris)


Et dire que j'ai hésité pendant un long moment avant de prendre ma place... Je ne sais pas pourquoi mais je n'étais pas plus chaud que ça pour cette date à la base. Puis, allez savoir pourquoi, une semaine avant le concert, je me réécoute Nothing to Prove et hop, j'ai eu le déclic.

Du coup, me voici en ce lundi 19 octobre à attendre devant le Petit Bain, dans le froid tant qu'à faire, afin de me faire une bonne date HxC, histoire de bien commencer la semaine. Hormis le fait que le concert ait commencé plus tard que prévu (et franchement, quand il fait aussi froid que ça, les retards d'ouverture de porte, c'est juste une torture...), c'est dans la joie et la bonne humeur que l'on rentre dans cette superbe salle.

Le premier groupe a fouler les planches se nomme Homeboys. Des Frenchies qui ont déjà quelques années au compteur et qui proposent un Punk Rock bien typé année 90 (Millencolin, Lagwagon etc..) qui.. me laisse de marbre. En fait, ce n'est pas spécialement eux mais ce genre musical qui ne me fait ni chaud ni froid. J'avoue avoir écouté un peu Millencolin par le passé mais je n'adhère plus du tout à ce style trop conventionnel pour du Punk selon moi.

En toute objectivité, leur show était franchement carré et, pour peu qu'on adhère au style, on pouvait facilement prendre son pied : rythmiques punchy, refrains calibrés pour le live ainsi que des musiciens qui étaient heureux d'être là et dont la bonne humeur était somme toute assez communicative. Le son se voulait plutôt bon, une constante durant toute la soirée. Pas ma came mais loin d'être mauvais pour autant !

Au contraire d'Homeboys, Alone est typiquement le genre de groupe que j'adore. Vu au mois d'août en ouverture de Lionheart à la Mécanique Ondulatoire, Alone m'avait vraiment botté le cul. Les Parisiens ont vraiment la pêche, en particulier ce chanteur qui, même devant un public assez clairsemé, va vraiment prendre les choses en main et donner tout ce qu'il a pour motiver la foule.

 Le groupe propose du bon HxC des familles, avec des grosses parties pour mosher (le peu de public présent dans la fosse s'en donnera à cœur joie, avec du KDS à foison) et des titres bien rentre dedans ("My Town" est particulièrement efficace !). Un groupe qui en veut et qui sortira bientôt son premier LP, que j'attends avec impatience !


Premier concert de H2O pour ma part et sûrement pas le dernier. Si j'apprécie leur musique sur cd (encore plus depuis leur concert !), c'est en live qu'H2O prend tout son intérêt. Si je devais résumer leur concert, je dirai tout simplement : énergie et bonne humeur à foison.

Dès le premier titre, le tubesque "Nothing to Prove", le groupe a déchaîné les foules. Ça mosh, ça slam, ça rigole, ça s'éclate : un joyeux bordel débordant d'énergie positive. H2O était bien évidemment là pour défendre son nouvel album Use Your Voice, représenté dans la set-list avec des titres comme "Black Sheep" joué à la fin, "Use Your Voice" ou encore "Skate!" qui prouve que le groupe est loin d'être fini. Etant assez néophyte dans le HxC, je suis loin de tout connaître du groupe mais j'avoue avoir adoré un titre comme "5 Year Plan" où le public chantera à l'unisson le début de la chanson.

Grosse mention pour le chanteur extrêmement communicatif (un poil trop par moment) qui prend à parti de nombreuses personnes du public (un mec qui fêtait son anniv, un slammeur qui arrive sur scène entre deux chansons, un enfant de 10 ans..) et se trouve être vraiment charismatique. Celui-ci m'a d'ailleurs impressionné tant sa voix est vraiment la même qu'en studio : j'avais peur d'avoir un chant un peu foireux... J'ai eu tout le contraire ! Les musiciens l'accompagnant ne sont pas en reste : en plus de faire super bien leur taff, motivé à bloc, sautillant partout sur scène, ils se prennent au jeu et déconnent également avec le public de façon régulière entre les morceaux, à tel point que l'on a plus l'impression de voir un groupe de potes que l'on connait depuis longtemps qu'un groupe Américain qui fait des tournées mondiales.

Débordant d'énergie, puissant et positif, H2O a retourné le Petit Bain sans aucun soucis. Deuxième fois que je vois du HxC là bas, deuxième fois que c'est une tuerie. Autant dire que cette salle convient parfaitement à ce style (scène pas trop haute, parfaite pour monter et faire des stages dive par ailleurs !). Un grand merci à l'orga pour cette soirée (pour 12€ et des poussières, j'ai vraiment bien fait de venir !) et, bien évidemment, un grand merci aux groupes pour leur bonne humeur !

Chab



dimanche 11 octobre 2015

Live-report : Speedtrap + Amulet + Deathroned


Paris regorge de petites dates plus sympas les unes que les autres, il suffit juste de savoir chercher. Et quand une asso propose des dates de pur Heavy/Speed/Thrash à un prix dérisoire (8 euros et des poussières en prévente), il n'y a aucune raison valable de louper ça.

Le Gibus Café est franchement l'une des petites salles les plus cool de Paris, bien plus agréable que le Klub que ce soit au niveau de la déco qu'au niveau du placement de la scène et de la fosse. N'ayant qu'une seule fois eu l'occasion d'y mettre les pieds (pour la date de Tysondog organisée par JP), j'y suis retourné avec grand plaisir, d'autant plus que nous étions assez nombreux à nous être déplacés.

Le premier groupe à fouler les planches est Deathroned dont la chronique de leur première démo a été postée il y a quelques semaines sur ce blog. Deathroned, c'est déjà la 4ème fois que je les vois, dont une fois il n'y a pas si longtemps avec Nervosa au Klub. Et la première chose que je me dis en les voyant ce soir-là c'est : "putain, ils ont vraiment pris du niveau !".

Bien sûr, les nouvelles compos du groupe (EP à venir.. et mon petit doigt me dit qu'il va être très très bon !) sont vraiment excellentes, à commencer par ce "Cut You Down" hymnesque au possible (du coup, est-il pertinent de la positionner en ouverture ?) avec son refrain que je reprendrai en chœur avec grand plaisir. "Liberticide" fit également son petit effet ainsi que "Terrible Disgrace", toutes deux issues du prochain EP. Mais Deathroned n'oublie pas non plus ses anciennes compos à l'instar de ce "Fallen in Vain" entraînant ou encore leur chanson éponyme qui, à chaque concert, fédère sans soucis le public présent.

Le groupe proposera également son lot de reprise : "Kill as One" de Death Angel, chanson culte de l'album "The Ultra-Violence", "Sign of Evil" de Violent Force (merci les gars, franchement merci ! C'est le genre de reprise qu'on voudrait plus souvent !) ou encore "Blasphemer" de Sodom, ajoutée à la dernière minute, le groupe ayant eu le droit de jouer une chanson de plus.

Le groupe a, je l'ai dit précédemment, pris du niveau : tout d'abord au niveau de la voix d'Arno qui arrive à balancer des cris beaucoup plus percutants, au jeu de batterie de David bien de plus en plus complet mais aussi au jeu du bassiste Julien (et pour une fois, on entendait bien la basse. Merci l'ingé son !) ainsi qu'à sa voix qui se verra beaucoup plus présente qu'à l'accoutumée (petite anecdote : à certains moment, sa voix me faisait penser à celle de Roger Miret, chanteur d'Agnostic Front !). Enfin, le groupe est beaucoup plus à l'aise sur scène et le plaisir qu'ils ont à jouer sur des affiches comme celle-ci est réellement communicatif. Du tout bon pour les petits frenchies, vivement la sortie de l'EP qui s'annonce terrible !


C'est donc Amulet et son Heavy bien ancré dans les années 70/80 qui déboule sur scène. Si j'avoue avoir du mal à apprécier leur musique en studio à cause de la voix du chanteur que je trouve faiblarde, en live c'est tout le contraire. Déjà car les riffs sont beaucoup plus incisifs et ensuite car le chanteur a retrouvé un peu ses couilles, ce qui fait plaisir à entendre.

Le concert débute sur "Evil Cathedral" qui m'a conquis de suite : son parfait, voix énorme (mais merde, c'est vraiment le même chanteur ?) et dégaine typique des premiers groupes de Heavy/Rock. En termes de set-list, on aura le droit à pas mal de chansons de leur unique album : "Mark of Evil", "Heathen Castle", ou encore "Bloody Night". Mais le groupe n'oublie pas non plus sa démo Cut the Crap sortie en 2011 avec la présence de "Running Out the Time" et surtout "The Hangman" présentes dans la set-list.

Un show ancré dans les années '70 avec, en prime, une petite kitscherie où un homme déguisé (torse nu, cagoule sur la tête, menottes en main) viendra sur scène pour haranguer le public. D'ailleurs, cette personne était l'un des membres de Deathroned.. je vous laisse deviner lequel ;) Amulet a été une grosse surprise pour ma part : j'en attendais peu voire rien et j'ai eu tout le contraire. Du Heavy entrainant, des guitares aiguisées, des refrains énormes... Du coup, il faut vraiment que je réécoute The First..


Le clou du spectacle s'appelle Speedtrap. Et je dois avouer que leurs deux albums, Powerdose et Straight Shooter, sont des petites bombes de Speed Metal. Si le groupe a malheureusement hérité d'un son assez moyen (sans être dégueulasse non plus hein !), leur Speed Metal a tout détruit sur son passage.

Tout débute avec "No Glory Found" du second opus qui, je pense, a mis tout le monde d'accord : ce soir, on va finir la soirée en beauté. Le groupe est donc décidé à mettre tout le monde sur le cul à coup de "Redemption of Might" (clairement mon titre préféré du groupe !), "Heavy Armor" ou encore "Out of Time, Out of Line". Le final sur "Powerdose a terminé le show en beauté, même si nous en aurions bien pris encore un peu plus ("Ready to Strike" par exemple !).

Le son était moyen, certes, mais le groupe était techniquement au point : de bons petits solos et un chant extrêmement percutant (dommage qu'il fut sous-mixé !) permirent au public d'en prendre plein les oreilles. Pour leur première date Parisienne (il me semble), Speedtrap a été génial de bout en bout.


La chose étonnante de cette soirée, c'est que chaque groupe a eu exactement le même temps de jeu : dans un sens, c'est agréable pour Deathroned qui a ouvert la soirée et qui a pu jouer 45 bonnes minutes, autant pour la tête d'affiche qu'est Speedtrap, c'est assez dommageable que le groupe n'ait pas eu un peu plus de temps (une bonne heure aurait été préférable).

Ne boudons pas notre plaisir pour autant : la soirée fut excellente de bout en bout tant les 3 groupes ont assuré sans soucis. Un grand merci à eux ainsi qu'à l'orga pour cette excellente date.

Chab

dimanche 4 octobre 2015

Chronique : Obsequiae - Aria of Vernal Tombs (2015)



La fascination pour le passé, un thème dont les amateurs de Metal sont fiers. Nombreux sont les groupes, qu’ils soient Folk, Pagan, Black, dont la musique s’ancre autour de cet attrait pour des époques révolues et les légendes. Où mystères et folklore s’entremêlent pour donner vie à des fantasmes historiques et mythologiques, et dont les écoutes transportent l’auditeur vers de lointaines contrées. Malheureusement, tous ne sont pas aussi guillerets. Je fais partie d’un de ces irréductibles réfractaires à ces groupes de « Folk Pouêt-Pouêt » ou de « Pagan nostalgique des guerriers blonds musclés et aux yeux bleus» (ces clichés odieux), n’ayant jamais pu trouver de juste milieu entre les ambiances artificielles créées par divers instruments traditionnels adornés de riffs décidément lambda, ou justement du manque d’une réelle ambiance « folklorique ».

Aujourd’hui, pour mon plus grand plaisir, un petit groupe américain change la donne. Après une longue gestation marquée par un changement de nom et de quelques démos, Obsequiae se lance dans l’aventure en 2011 avec un premier full-length, Suspended in the Brume of Eos, chez Bindrune Recordings ; un petit label débordant de qualité ayant vu passer quelques superbes petits groupes axés Black/Folk Metal (Alda, Falls of Rauros, Panopticon…). 4 ans plus tard, le groupe remet le couvert avec Aria of Vernal Tombs, le sujet juteux de cette chronique, chez 20 Buck Spin.

Et musicalement, ça donne quoi ? Du pur caviar. Après 3 minutes magiques d’introduction par un harpiste espagnol à la merci d’un doux écho, on rentre dans le vif du sujet : cloches d’églises accompagnées de leads en arpèges elles aussi délicieusement résonantes, on comprend directement qu’Obsequiae n’est pas un « simple » groupe, mais le testament d’une époque médiévale révolue. Tout, dans l’essence même du duo, tient à faire transpirer cette ambiance mystico-historique.

Les guitares jouent admirablement de la polyphonie typiquement médiévale : lors des passages mélodiques, deux guitares leads jouent quasi-systématiquement des lignes différentes, empilant les mélodies pour un résultat délectable et surprenant de maîtrise. Si Suspended in the Brume of Eos pêchait quelques fois par l’abus de riffs plus faciles, Aria of Vernal Tombs témoigne de 4 ans de pure maturation dans l’écriture de Tanner Anderson, variant son jeu en créant des ambiances fantastiques avec aisance et classe. Aucun abus dans son grattage, de la polyphonie à des riffs oscillant entre Doom pour le côté lent, harmonieux et solennel ; et Black bien mélodique pour certains riffs en tremolo picking. Aucune comparaison ne peut faire justice à ce jeu complet et évocateur, des soli mélodiques d’une maestria impressionnante (« In the Absence of Light », « Until All Ages Fall »,…) aux riffs d’une pureté passionnante.

Obsequiae ne s’arrête pas, bien sûr, à un simple gimmick guitaristique. Ce serait pure injustice de ne mentionner cette basse (jouée par le batteur Neidhart von Reuental), accompagnant constamment les riffs d’Anderson avec brio : souvent, elle ajoute par exemple une nouvelle ligne mélodique distincte lors des contrepoints des guitares, complétant les mélodies et augmentant ainsi la profondeur de l’écriture, sans jamais se montrer hors-propos. Subtile, belle et par-dessus tout efficace. Soniquement, quoique dans un autre style, elle me fait penser à cette basse ronde et pleine de Gordon Haskell sur Lizard de King Crimson, discrète mais vibrante. Elle accompagne avec brio cette batterie, ici plutôt à l’avant-plan, au jeu qu’on ne peut qualifier de simple mais plutôt « juste », servant par-dessus-tout à appuyer les riffs de guitares et la basse qui se font un malin plaisir à jouer et s’entrecroiser sans fin.

Toute cette magie ne serait bien sûr par possible sans une production exemplaire, et Aria.. fait ici un bond considérable en qualité par rapport à Suspended.. : aucun instrument ne souffre sous un autre, tout est admirablement à sa place. Dominant le tout, les vocaux criards d’Anderson fusent et percent le spectre sonore avec un écho qui rappelle ce côté low-fi du Black Metal, et évoquant métaphoriquement aussi ces bâtiments religieux abandonnés du cover, comme si le chanteur se trouvait au milieu de l’un d’eux. Un écho surplombant également les guitares, mais que l’on trouvera aussi lors des interludes délectables à la harpe, ajoutant encore un peu de féérie au tableau. Divers sons se feront aussi un plaisir d’accentuer les ambiances fantastiques du disque : chœurs féminins discrets et envoûtants, bruissements d’un ruisseau qui coule, une chouette qui hulule, de lointaines litanies au milieu d’un couvent ; autant de sonorités transportant aisément l’auditeur là où le veut le duo.

Pour parfaire le tout, et si vous n’êtes pas encore convaincus, les thèmes du disque sont traités avec le plus grand des respects. Loin d’une admiration bête et sans borne mais plus proche d’une solennelle mélancolie, les paroles, rédigées dans un anglais impeccable et bien évocateur des époques mystiques qu’elles visent, se feront un plaisir de vous emmener en terres de légendes. Mythologie grecque, celtique galloise, pratiques païennes et tendres évocations d’un passé lors duquel homme et nature ne faisaient qu’un sont agréablement dépeint dans un vocabulaire volontairement archaïque, ajoutant encore plus de corps au lyrisme du duo.

Loin d’avoir besoin d’instruments folkloriques pour justifier son propos, Obsequiae amène l’essentiel : une musique qui à son cœur transpire le Moyen-âge, les légendes et le fantastique. Nulle nécessité de superflu, le duo fait parler l’essentiel : une voix sépulcrale, des guitares dominées par l’écho des vieilles pierres ainsi qu’une basse et une batterie supportant admirablement le tout. Avec Aria of Vernal Tombs, Obsequiae fait parler la maturité et sort un album d’une grande classe et d’une maîtrise à toute épreuve. Stylistiquement inclassable et évocateur, nous avons là un des tous grands albums de l’année. 

Lapin