dimanche 25 octobre 2015

Live-report : Kamelot + Gus G + Kobra & The Lotus (Lyon)


Je suis allé 3 fois par le passé au Ninkasi Kao, bonne salle lyonnaise, idéale pour voir des concerts de groupes de metal d'ampleur moyenne : la salle n'est somme toute pas très grande (si l'on compare au Transbordeur ou au CCO de Villeurbanne qui sont un peu plus grandes), cela permet de voir les groupes d'assez près, et il y a un parking très pratique pas très loin (alors que pour se garer vers le CCO, je ne préfère pas en parler...). Il s'avère que les concerts auxquels j'ai assisté dans cette salle étaient toutes des dates Folk Metal, puisqu'il s'agissait de Finntroll (accompagné de Týr et Skálmöld), Eluveitie (accompagné d'Arkona et Skálmöld -de nouveau-) et plus récemment d'Ensiferum (avec Insomnium et Omnium Gatherum ; des premières parties certes non Folk mais dont la présence sur cette date restait cohérente). A part de courts moments négligeables, la sonorisation de ces concerts était très bonne.

C'est donc en défenseur de cette salle que je décidais de retourner au Kao ce 14 octobre. Avant d'avoir connaissance de leur passage cet automne, j'écoutais Kamelot de façon peu régulière, mais j'appréciais certains de leurs morceaux que j'ai toujours trouvé très intenses, comme "The Great Pandemonium", "The Haunting (Somewhere In Time)" ou encore "Center of the Universe". En apprenant leur venue à Lyon, je décidais de me pencher sur leur dernier album en date, Haven, et là ce fut le coup de foudre. Il y a tout ce que je recherche dans le metal mélodique actuel aux éléments power et/ou symphonique : à la fois des mélodies touchantes, accrocheuses et un sens de la composition capable d'instaurer une ambiance qui fait voyager, le tout parsemé d'éléments sombres, parfois alambiqués mais parfois aussi très directs. 
Je découvris le reste des albums du groupe par la suite et pris ma place pour ce concert.

Mais tout d'abord, il faut se farcir les premières parties. La soirée commence avec Kobra & The Lotus. Lorsque j'ai voulu découvrir ce groupe avant de venir, je n'ai déjà pas du tout aimé. Suivant la logique de groupes comme Huntress ou Battle Beast (ce dernier étant le seul de cette mouvance auquel j'accroche à peu près bien, sans que pour autant je parvienne à accrocher totalement), le combo propose un heavy metal qui se voudrait fédérateur, le tout avec un chant féminin tentant d'avoir le talent de Doro, et allant jusqu'à en imiter certains codes (vocaux ou physiques). Ces groupes récents ont la "malchance" de ne pas avoir autant de talent niveau compositions et n'arrivant à l'évidence pas tellement à proposer des refrains particulièrement fédérateurs, j'aime encore moins ces groupes dans la mesure où la mise en avant très exagérée de la chanteuse comme un produit commercial en mode "regardez on vous propose des boobs" est assez gerbante. 
Mais soit, essayons de voir ce que Kobra & The Lotus nous propose en concert!
...Ben y a rien. C'est vide, plat, moche, chiant, ennuyeux. Pourtant, les membres du groupe se montrent communicatifs, ont une présence scénique, et n'en sont pas à leur première scène. 
Si les morceaux ne m'ont pas accroché sur album, ils ne parviennent pas non plus à prendre une dimension intéressante et fédératrice en live. C'est dommage que les compositions soient selon moi si bâclées, parce qu'un groupe comme Battle Beast (dont je comprends néanmoins que certains le trouvent superficiel et inintéressant) avait su m'accrocher tout le long du concert auquel j'ai assisté au festival Bang Your Head en Allemagne en juillet dernier.


Bref, vivement le second concert de cette soirée, à savoir Gus G, qui j'en étais sûr, allait être capable de me consoler avec son heavy metal sympathique, pas révolutionnaire pour un sou, mais agréable et entêtant. Remettons un peu les choses dans leur contexte pour les personnes qui ne connaissent pas. Il s'agit du groupe du guitariste du même nom, connu pour être celui de l'infatigable Ozzy Osbourne depuis 2009, mais aussi de Firewind (depuis la création du groupe en 1998), de Dream Evil jusqu'en 2004 et de Mystic Prophecy jusqu'en 2005, ces trois derniers étant des groupes de Heavy/Power Metal respectés.
Le groupe Gus G a sorti, en dehors d'un album instrumental insignifiant en 2001, un album cette année (Brand New Revolution), faisant suite à I Am The Fire sorti l'année dernière. Mon écoute de ces albums avant de venir m'avait convaincu des talents de Gus G en dehors des trois groupes -que j'aime beaucoup- dans lesquels je le connaissais.

On assiste à une petite dizaine de morceaux, à la fois homogènes et variés, dans le sens où s'il y a un style Heavy Metal accrocheur avec la patte du Gus, on ne s'ennuie pas, grâce à des tempi variés et des mélodies non répétitives. Il ne faut par contre pas demander au groupe d'avoir inventé la poudre, on reste en effet dans un exemple d'interprétation du genre très codée, et on peut reprocher un certain manque d'originalité. Gus G fait bien entendu la part belle aux deux derniers albums, dont les morceaux sont très efficaces, tels "Burn" (qui débute le show), "Eyes Wide Open" ou "Come Hell or High Water". Mais je fus très heureux d'entendre le groupe interpréter le tube de Firewind qu'est "World On Fire", qui fait toujours preuve de son efficacité en live, que Gus soit accompagné du reste de Firewind (au Summer Breeze 2013, j'y avais bien pris mon pied) ou de ses acolytes qui accompagnent ce soir Gus G. Je ne connaissais pas le chanteur ni le bassiste, mais ils assuraient plutôt bien. Et on pouvait faire confiance au très bon batteur Johan Nunez, membre de...Firewind depuis 4 ans.
On approche de la fin du concert, et après un "I Am The Fire" fédérateur, le public fut très heureux d'entendre le groupe reprendre "Crazy Train" d'Ozzy Osbourne.



C'est l'heure maintenant d'accueillir mes petits chouchous. C'est un backdrop vraiment très grand qui a été installé, représentant bien évidemment le visuel de l'album Haven
Kamelot débarque sur "Veil of Elysium", un des tubes du dernier album, qui est peut-être d'ailleurs mon préféré de celui-ci (mais très dur à dire, tellement j'adore tout l'album). En tout cas, c'était l'un des titres que j'attendais le plus. Si le son semblait un peu fouillis au début du morceau, je n'ai pas été gêné par le son ensuite. Je précise néanmoins qu'un ami qui m'accompagnait a détesté le son tout le long du concert. Je n'ai pour ma part pas été déçu.

Les membres du groupe sont charismatiques, avec bien évidemment un Tommy Karevik au chant, au charme évident et à la voix majestueuse, aussi belle et impressionnante qu'en studio. La présence scénique du bassiste Sean Tibbetts m'a beaucoup marqué, avec ses expressions agréables du visage et ses tresses bien classes, qui tournoyaient majestueusement lorsqu'il headbanguait. Le guitariste et le batteur étaient par contre un peu plus discrets, et le claviériste Oliver Palotai encore plus, installé en fond de scène à côté du batteur.

On enchaîne avec le culte "When The Lights Are Down" de l'album très aimé The Black Halo, et une bonne partie du public chante le refrain en chœur. Le groupe aura donc débuté son concert avec deux morceaux power/speed alors qu'une bonne partie de l'oeuvre du groupe est bien plus mid-tempo. C'est pourquoi je ne serai pas surpris qu'on change un peu de registre après cette ultra-efficace entrée en matière. En effet, Kamelot interprète alors l'énormissime mais plus lent et ambiancé "The Great Pandemonium", qui sera le seul représentant de Poetry For The Poisoned dans cette set-list. Je ne continuerai pas ce live-report par un pur track-by-track, de peur d'ennuyer les lecteurs et lectrices.

Mais les fans des morceaux cultes période Roy Khan seront également rassasiés par des titres comme "March of Mephisto", "Center of the Universe", "Rule The World" et "Forever".
Le public aura par ailleurs la surprise d'une invitée de marque pour les voix féminines intervenant sur "Veritas", "Liar Liar (Wasteland Monarchy)" et "Sacrimony (Angel of Afterlife)", puisque c'est Elize Ryd que l'on voit débarquer sur scène. Qu'on aime ou non son groupe Amaranthe (pour ma part, j'aime beaucoup), il n'y avait rien à reprocher à sa prestation avec Kamelot ce soir. 

L'album Silverthorn fut également représenté par "Torn", qui n'est rien de moins que mon morceau préféré de cet album, donc je fus aux anges. Je vois que par ailleurs j'étais loin d'être le seul fan de Haven, vu le succès bien mérité que le public accorda aux autres morceaux de l'album, à savoir le prenant "Insomnia" et la ballade "Here's To The Fall". Mais le clou du spectacle est le monstrueux "Revolution", peut-être le morceau le plus violent de Kamelot. Il y eut même un beau pogo sur ce titre (alors que je ne m'y attendais pas à ce qu'il y en ait à un concert de Kamelot), et c'était largement compréhensible. Ce morceau à la fois prenant, violent et fédérateur a pris toute sa dimension en live, alors que je le trouvais déjà parfait sur album.

Le groupe aura tout de même joué 15 morceaux. Je fus très satisfait de l'expérience et c'est avec plaisir que reverrai le groupe si l'occasion se présente. Après un petit tour au merch pour l'achat de t-shirts, je quittais le Ninkasi Kao le sourire aux lèvres.



Hepha

mardi 20 octobre 2015

Live-report - H2O + Alone + Homeboys au Petit Bain (Paris)


Et dire que j'ai hésité pendant un long moment avant de prendre ma place... Je ne sais pas pourquoi mais je n'étais pas plus chaud que ça pour cette date à la base. Puis, allez savoir pourquoi, une semaine avant le concert, je me réécoute Nothing to Prove et hop, j'ai eu le déclic.

Du coup, me voici en ce lundi 19 octobre à attendre devant le Petit Bain, dans le froid tant qu'à faire, afin de me faire une bonne date HxC, histoire de bien commencer la semaine. Hormis le fait que le concert ait commencé plus tard que prévu (et franchement, quand il fait aussi froid que ça, les retards d'ouverture de porte, c'est juste une torture...), c'est dans la joie et la bonne humeur que l'on rentre dans cette superbe salle.

Le premier groupe a fouler les planches se nomme Homeboys. Des Frenchies qui ont déjà quelques années au compteur et qui proposent un Punk Rock bien typé année 90 (Millencolin, Lagwagon etc..) qui.. me laisse de marbre. En fait, ce n'est pas spécialement eux mais ce genre musical qui ne me fait ni chaud ni froid. J'avoue avoir écouté un peu Millencolin par le passé mais je n'adhère plus du tout à ce style trop conventionnel pour du Punk selon moi.

En toute objectivité, leur show était franchement carré et, pour peu qu'on adhère au style, on pouvait facilement prendre son pied : rythmiques punchy, refrains calibrés pour le live ainsi que des musiciens qui étaient heureux d'être là et dont la bonne humeur était somme toute assez communicative. Le son se voulait plutôt bon, une constante durant toute la soirée. Pas ma came mais loin d'être mauvais pour autant !

Au contraire d'Homeboys, Alone est typiquement le genre de groupe que j'adore. Vu au mois d'août en ouverture de Lionheart à la Mécanique Ondulatoire, Alone m'avait vraiment botté le cul. Les Parisiens ont vraiment la pêche, en particulier ce chanteur qui, même devant un public assez clairsemé, va vraiment prendre les choses en main et donner tout ce qu'il a pour motiver la foule.

 Le groupe propose du bon HxC des familles, avec des grosses parties pour mosher (le peu de public présent dans la fosse s'en donnera à cœur joie, avec du KDS à foison) et des titres bien rentre dedans ("My Town" est particulièrement efficace !). Un groupe qui en veut et qui sortira bientôt son premier LP, que j'attends avec impatience !


Premier concert de H2O pour ma part et sûrement pas le dernier. Si j'apprécie leur musique sur cd (encore plus depuis leur concert !), c'est en live qu'H2O prend tout son intérêt. Si je devais résumer leur concert, je dirai tout simplement : énergie et bonne humeur à foison.

Dès le premier titre, le tubesque "Nothing to Prove", le groupe a déchaîné les foules. Ça mosh, ça slam, ça rigole, ça s'éclate : un joyeux bordel débordant d'énergie positive. H2O était bien évidemment là pour défendre son nouvel album Use Your Voice, représenté dans la set-list avec des titres comme "Black Sheep" joué à la fin, "Use Your Voice" ou encore "Skate!" qui prouve que le groupe est loin d'être fini. Etant assez néophyte dans le HxC, je suis loin de tout connaître du groupe mais j'avoue avoir adoré un titre comme "5 Year Plan" où le public chantera à l'unisson le début de la chanson.

Grosse mention pour le chanteur extrêmement communicatif (un poil trop par moment) qui prend à parti de nombreuses personnes du public (un mec qui fêtait son anniv, un slammeur qui arrive sur scène entre deux chansons, un enfant de 10 ans..) et se trouve être vraiment charismatique. Celui-ci m'a d'ailleurs impressionné tant sa voix est vraiment la même qu'en studio : j'avais peur d'avoir un chant un peu foireux... J'ai eu tout le contraire ! Les musiciens l'accompagnant ne sont pas en reste : en plus de faire super bien leur taff, motivé à bloc, sautillant partout sur scène, ils se prennent au jeu et déconnent également avec le public de façon régulière entre les morceaux, à tel point que l'on a plus l'impression de voir un groupe de potes que l'on connait depuis longtemps qu'un groupe Américain qui fait des tournées mondiales.

Débordant d'énergie, puissant et positif, H2O a retourné le Petit Bain sans aucun soucis. Deuxième fois que je vois du HxC là bas, deuxième fois que c'est une tuerie. Autant dire que cette salle convient parfaitement à ce style (scène pas trop haute, parfaite pour monter et faire des stages dive par ailleurs !). Un grand merci à l'orga pour cette soirée (pour 12€ et des poussières, j'ai vraiment bien fait de venir !) et, bien évidemment, un grand merci aux groupes pour leur bonne humeur !

Chab



dimanche 11 octobre 2015

Live-report : Speedtrap + Amulet + Deathroned


Paris regorge de petites dates plus sympas les unes que les autres, il suffit juste de savoir chercher. Et quand une asso propose des dates de pur Heavy/Speed/Thrash à un prix dérisoire (8 euros et des poussières en prévente), il n'y a aucune raison valable de louper ça.

Le Gibus Café est franchement l'une des petites salles les plus cool de Paris, bien plus agréable que le Klub que ce soit au niveau de la déco qu'au niveau du placement de la scène et de la fosse. N'ayant qu'une seule fois eu l'occasion d'y mettre les pieds (pour la date de Tysondog organisée par JP), j'y suis retourné avec grand plaisir, d'autant plus que nous étions assez nombreux à nous être déplacés.

Le premier groupe à fouler les planches est Deathroned dont la chronique de leur première démo a été postée il y a quelques semaines sur ce blog. Deathroned, c'est déjà la 4ème fois que je les vois, dont une fois il n'y a pas si longtemps avec Nervosa au Klub. Et la première chose que je me dis en les voyant ce soir-là c'est : "putain, ils ont vraiment pris du niveau !".

Bien sûr, les nouvelles compos du groupe (EP à venir.. et mon petit doigt me dit qu'il va être très très bon !) sont vraiment excellentes, à commencer par ce "Cut You Down" hymnesque au possible (du coup, est-il pertinent de la positionner en ouverture ?) avec son refrain que je reprendrai en chœur avec grand plaisir. "Liberticide" fit également son petit effet ainsi que "Terrible Disgrace", toutes deux issues du prochain EP. Mais Deathroned n'oublie pas non plus ses anciennes compos à l'instar de ce "Fallen in Vain" entraînant ou encore leur chanson éponyme qui, à chaque concert, fédère sans soucis le public présent.

Le groupe proposera également son lot de reprise : "Kill as One" de Death Angel, chanson culte de l'album "The Ultra-Violence", "Sign of Evil" de Violent Force (merci les gars, franchement merci ! C'est le genre de reprise qu'on voudrait plus souvent !) ou encore "Blasphemer" de Sodom, ajoutée à la dernière minute, le groupe ayant eu le droit de jouer une chanson de plus.

Le groupe a, je l'ai dit précédemment, pris du niveau : tout d'abord au niveau de la voix d'Arno qui arrive à balancer des cris beaucoup plus percutants, au jeu de batterie de David bien de plus en plus complet mais aussi au jeu du bassiste Julien (et pour une fois, on entendait bien la basse. Merci l'ingé son !) ainsi qu'à sa voix qui se verra beaucoup plus présente qu'à l'accoutumée (petite anecdote : à certains moment, sa voix me faisait penser à celle de Roger Miret, chanteur d'Agnostic Front !). Enfin, le groupe est beaucoup plus à l'aise sur scène et le plaisir qu'ils ont à jouer sur des affiches comme celle-ci est réellement communicatif. Du tout bon pour les petits frenchies, vivement la sortie de l'EP qui s'annonce terrible !


C'est donc Amulet et son Heavy bien ancré dans les années 70/80 qui déboule sur scène. Si j'avoue avoir du mal à apprécier leur musique en studio à cause de la voix du chanteur que je trouve faiblarde, en live c'est tout le contraire. Déjà car les riffs sont beaucoup plus incisifs et ensuite car le chanteur a retrouvé un peu ses couilles, ce qui fait plaisir à entendre.

Le concert débute sur "Evil Cathedral" qui m'a conquis de suite : son parfait, voix énorme (mais merde, c'est vraiment le même chanteur ?) et dégaine typique des premiers groupes de Heavy/Rock. En termes de set-list, on aura le droit à pas mal de chansons de leur unique album : "Mark of Evil", "Heathen Castle", ou encore "Bloody Night". Mais le groupe n'oublie pas non plus sa démo Cut the Crap sortie en 2011 avec la présence de "Running Out the Time" et surtout "The Hangman" présentes dans la set-list.

Un show ancré dans les années '70 avec, en prime, une petite kitscherie où un homme déguisé (torse nu, cagoule sur la tête, menottes en main) viendra sur scène pour haranguer le public. D'ailleurs, cette personne était l'un des membres de Deathroned.. je vous laisse deviner lequel ;) Amulet a été une grosse surprise pour ma part : j'en attendais peu voire rien et j'ai eu tout le contraire. Du Heavy entrainant, des guitares aiguisées, des refrains énormes... Du coup, il faut vraiment que je réécoute The First..


Le clou du spectacle s'appelle Speedtrap. Et je dois avouer que leurs deux albums, Powerdose et Straight Shooter, sont des petites bombes de Speed Metal. Si le groupe a malheureusement hérité d'un son assez moyen (sans être dégueulasse non plus hein !), leur Speed Metal a tout détruit sur son passage.

Tout débute avec "No Glory Found" du second opus qui, je pense, a mis tout le monde d'accord : ce soir, on va finir la soirée en beauté. Le groupe est donc décidé à mettre tout le monde sur le cul à coup de "Redemption of Might" (clairement mon titre préféré du groupe !), "Heavy Armor" ou encore "Out of Time, Out of Line". Le final sur "Powerdose a terminé le show en beauté, même si nous en aurions bien pris encore un peu plus ("Ready to Strike" par exemple !).

Le son était moyen, certes, mais le groupe était techniquement au point : de bons petits solos et un chant extrêmement percutant (dommage qu'il fut sous-mixé !) permirent au public d'en prendre plein les oreilles. Pour leur première date Parisienne (il me semble), Speedtrap a été génial de bout en bout.


La chose étonnante de cette soirée, c'est que chaque groupe a eu exactement le même temps de jeu : dans un sens, c'est agréable pour Deathroned qui a ouvert la soirée et qui a pu jouer 45 bonnes minutes, autant pour la tête d'affiche qu'est Speedtrap, c'est assez dommageable que le groupe n'ait pas eu un peu plus de temps (une bonne heure aurait été préférable).

Ne boudons pas notre plaisir pour autant : la soirée fut excellente de bout en bout tant les 3 groupes ont assuré sans soucis. Un grand merci à eux ainsi qu'à l'orga pour cette excellente date.

Chab

dimanche 4 octobre 2015

Chronique : Obsequiae - Aria of Vernal Tombs (2015)



La fascination pour le passé, un thème dont les amateurs de Metal sont fiers. Nombreux sont les groupes, qu’ils soient Folk, Pagan, Black, dont la musique s’ancre autour de cet attrait pour des époques révolues et les légendes. Où mystères et folklore s’entremêlent pour donner vie à des fantasmes historiques et mythologiques, et dont les écoutes transportent l’auditeur vers de lointaines contrées. Malheureusement, tous ne sont pas aussi guillerets. Je fais partie d’un de ces irréductibles réfractaires à ces groupes de « Folk Pouêt-Pouêt » ou de « Pagan nostalgique des guerriers blonds musclés et aux yeux bleus» (ces clichés odieux), n’ayant jamais pu trouver de juste milieu entre les ambiances artificielles créées par divers instruments traditionnels adornés de riffs décidément lambda, ou justement du manque d’une réelle ambiance « folklorique ».

Aujourd’hui, pour mon plus grand plaisir, un petit groupe américain change la donne. Après une longue gestation marquée par un changement de nom et de quelques démos, Obsequiae se lance dans l’aventure en 2011 avec un premier full-length, Suspended in the Brume of Eos, chez Bindrune Recordings ; un petit label débordant de qualité ayant vu passer quelques superbes petits groupes axés Black/Folk Metal (Alda, Falls of Rauros, Panopticon…). 4 ans plus tard, le groupe remet le couvert avec Aria of Vernal Tombs, le sujet juteux de cette chronique, chez 20 Buck Spin.

Et musicalement, ça donne quoi ? Du pur caviar. Après 3 minutes magiques d’introduction par un harpiste espagnol à la merci d’un doux écho, on rentre dans le vif du sujet : cloches d’églises accompagnées de leads en arpèges elles aussi délicieusement résonantes, on comprend directement qu’Obsequiae n’est pas un « simple » groupe, mais le testament d’une époque médiévale révolue. Tout, dans l’essence même du duo, tient à faire transpirer cette ambiance mystico-historique.

Les guitares jouent admirablement de la polyphonie typiquement médiévale : lors des passages mélodiques, deux guitares leads jouent quasi-systématiquement des lignes différentes, empilant les mélodies pour un résultat délectable et surprenant de maîtrise. Si Suspended in the Brume of Eos pêchait quelques fois par l’abus de riffs plus faciles, Aria of Vernal Tombs témoigne de 4 ans de pure maturation dans l’écriture de Tanner Anderson, variant son jeu en créant des ambiances fantastiques avec aisance et classe. Aucun abus dans son grattage, de la polyphonie à des riffs oscillant entre Doom pour le côté lent, harmonieux et solennel ; et Black bien mélodique pour certains riffs en tremolo picking. Aucune comparaison ne peut faire justice à ce jeu complet et évocateur, des soli mélodiques d’une maestria impressionnante (« In the Absence of Light », « Until All Ages Fall »,…) aux riffs d’une pureté passionnante.

Obsequiae ne s’arrête pas, bien sûr, à un simple gimmick guitaristique. Ce serait pure injustice de ne mentionner cette basse (jouée par le batteur Neidhart von Reuental), accompagnant constamment les riffs d’Anderson avec brio : souvent, elle ajoute par exemple une nouvelle ligne mélodique distincte lors des contrepoints des guitares, complétant les mélodies et augmentant ainsi la profondeur de l’écriture, sans jamais se montrer hors-propos. Subtile, belle et par-dessus tout efficace. Soniquement, quoique dans un autre style, elle me fait penser à cette basse ronde et pleine de Gordon Haskell sur Lizard de King Crimson, discrète mais vibrante. Elle accompagne avec brio cette batterie, ici plutôt à l’avant-plan, au jeu qu’on ne peut qualifier de simple mais plutôt « juste », servant par-dessus-tout à appuyer les riffs de guitares et la basse qui se font un malin plaisir à jouer et s’entrecroiser sans fin.

Toute cette magie ne serait bien sûr par possible sans une production exemplaire, et Aria.. fait ici un bond considérable en qualité par rapport à Suspended.. : aucun instrument ne souffre sous un autre, tout est admirablement à sa place. Dominant le tout, les vocaux criards d’Anderson fusent et percent le spectre sonore avec un écho qui rappelle ce côté low-fi du Black Metal, et évoquant métaphoriquement aussi ces bâtiments religieux abandonnés du cover, comme si le chanteur se trouvait au milieu de l’un d’eux. Un écho surplombant également les guitares, mais que l’on trouvera aussi lors des interludes délectables à la harpe, ajoutant encore un peu de féérie au tableau. Divers sons se feront aussi un plaisir d’accentuer les ambiances fantastiques du disque : chœurs féminins discrets et envoûtants, bruissements d’un ruisseau qui coule, une chouette qui hulule, de lointaines litanies au milieu d’un couvent ; autant de sonorités transportant aisément l’auditeur là où le veut le duo.

Pour parfaire le tout, et si vous n’êtes pas encore convaincus, les thèmes du disque sont traités avec le plus grand des respects. Loin d’une admiration bête et sans borne mais plus proche d’une solennelle mélancolie, les paroles, rédigées dans un anglais impeccable et bien évocateur des époques mystiques qu’elles visent, se feront un plaisir de vous emmener en terres de légendes. Mythologie grecque, celtique galloise, pratiques païennes et tendres évocations d’un passé lors duquel homme et nature ne faisaient qu’un sont agréablement dépeint dans un vocabulaire volontairement archaïque, ajoutant encore plus de corps au lyrisme du duo.

Loin d’avoir besoin d’instruments folkloriques pour justifier son propos, Obsequiae amène l’essentiel : une musique qui à son cœur transpire le Moyen-âge, les légendes et le fantastique. Nulle nécessité de superflu, le duo fait parler l’essentiel : une voix sépulcrale, des guitares dominées par l’écho des vieilles pierres ainsi qu’une basse et une batterie supportant admirablement le tout. Avec Aria of Vernal Tombs, Obsequiae fait parler la maturité et sort un album d’une grande classe et d’une maîtrise à toute épreuve. Stylistiquement inclassable et évocateur, nous avons là un des tous grands albums de l’année. 

Lapin


samedi 3 octobre 2015

Chronique : Winter - Into Darkness (1990)



1990. New York City. Death/Doom Metal. 

Un genre qui évoque habituellement les vieux albums de Paradise Lost, Katatonia, My Dying Bride ou encore diSEMBOWELMENT. Tout le monde ou presque a oublié Winter. Est-ce du fait de la provenance du groupe ? Pourtant, c'est l'un des tous premiers du style et tous les metalheads qui connaissent cet album l'adorent. 

Tout débute avec une introduction durant près de 6 minutes, nous mettant dans une certaine ambiance sombre et malsaine. Les riffs et la voix arrivent d'un coup avec donc le deuxième titre de l'album, "Servants of the Warsmen". Guitares accordées très bas, si bas que c'en est vraiment surprenant. Le morceau est somme toute bien rythmé, on n'est en effet pas dans le Funeral Doom non plus. On pense presque à la démarche d'un groupe comme Hooded Menace, formé en Finlande 17 ans plus tard... D'ailleurs, on peut estimer que cet album a eu une certaine influence sur tout le mouvement Death/Doom.

D'où Winter tire-t'il ses influences? On peut aisément ressentir la patte d'un Celtic Frost (notamment celui de To Mega Therion). J'aime beaucoup le son de cet album. Les growls sont presque exagérément mis en avant, la batterie a un son plus que parfait pour l'époque et la guitare est quelque peu en retrait, et là est à mon avis tout le charme de cette galette. 

On enchaîne avec "Goden", titre plus lent, plus doom que le précédent. Certes, on headbangue moins, mais impossible pour ma part d'être ennuyé par cette ambiance si intense. Après l'interlude, toujours aussi lourde et malsaine, "Power and Might", arrive l'énormissime "Destiny", morceau de 8 minutes. Le tempo est à présent plus rapide, on est face à un death metal extrêmement sombre et dont la guitare est tellement sous-sonorisée et couverte par la basse qu'on essaye de se concentrer pour y déceler les riffs...et cela ne fait que nous plonger encore plus dans l'intensité de la musique de Winter.
Avec "Eternal Frost", nous retournons dans la lenteur et la lourdeur froide et malsaine. Vers le milieu du morceau, des courtes bandes de voix claires inquiétantes laissent place à un riff très Black Sabbath-ien.

Le dernier morceau, éponyme, de cet album très particulier enfonce le clou. La majeure partie du morceau est très lente, mais la dernière partie est tellement majestueuse lorsque le tempo s'accélère. Survivra-t-on à cette expérience si particulière "into darkness" ? Eh bien les trois quarts d'heure de musique de cet album passent comme une lettre à la poste, on n'a clairement pas vu le temps passer.

On peut légitimement placer Winter comme l'un des fondateurs du death-doom metal et l'auteur du premier excellent album du genre, car je considère en effet que les premières autres sorties du genre (les premières démos et EP de Paradise Lost avant le très bon Gothic de 1991, où la première démo de diSEMBOWELMENT avant les très bons Dusk de 1992 et Trasncendence into the Peripheral de 1993) sont un cran en-dessous de ce Into Darkness. Avant celui-ci, seul The Spooky Gloom des hollandais de Sempiternal Deathreign se rapproche de cette qualité.

Winter splittera en 1992 et s'est reformé depuis 2010, avec le line-up de cet album, mais n'a pas encore sorti de nouveaux enregistrements. Le guitariste Stephen Flam est aujourd'hui dans Serpentine Path, groupe de death-doom également, mais intégrant d'autres influences, notamment le sludge. 



Hepha

jeudi 1 octobre 2015

Chronique : Fluisteraars - Luwte (Eisenwald - 2015)


Difficile pour une formation anonyme de tirer son épingle du jeu lors d’une année remplie de sorties toutes plus excellentes les unes que les autres. Pourtant, les chuchoteurs de Fluisteraars arrivèrent néanmoins à faire parler d’eux en 2014 : en témoignent de nombreuses critiques favorables qu’on peut retrouver sur la toile, toutes convaincues par les répétitions hypnotiques du Black Metal de ces fiers Hollandais.

Quelques mois après la sortie de « Dromers » (« rêveurs »), c’est la surprise : Fluisteraars  a déjà fini d’enregistrer un successeur, ce dernier étant juste en attente de mixage. C’est le 25 septembre 2015 que sort « Luwte », encore une fois chez Eisenwald, petite maison de disque ayant toutefois vu défiler nombre de groupes de Black Metal aux orientations variées, des marécages de Fen à la dépression d’Austere, en passant par les forêts  mystiques d’Agalloch.

« Luwte » : une place à l’abri du vent. Un espace de réflexion et d’expression pourtant chamboulé de l’intérieur par les bourrasques violentes, haineuses et désemparées d’un trio semblant au bord du gouffre. Car si le Black Metal des chuchoteurs fait bien partie d’une mouvance axée sur la mélodie et une lisibilité accrue du résultat final, les riffs pour le moins frénétiques ne font aucun doute : la musique du trio est dominée par la nervosité et les tempêtes personnelles. De ce riffing on retiendra une part de Drudkh, néanmoins en plus racé et moins statique, ancré dans cette envie cathartique du trio d’extérioriser la détresse et la tristesse qui les occupent. « Tout ce qui rien ne contient », « Le dernier répit », « La peur de l’angoisse », autant de titres révélateurs d’un profond mal-être accaparant les esprits des Hollandais, répétant les trémolos mélodiques et tristounets comme un mantra qui les libérerait d’une anxiété maladive ; cette fois-ci sans par contre devenir trop redondant, même lorsqu’un riff se réitère inlassablement pendant 1 ou 2 minutes (« Stille Wateren », « Alles Wat Niets Omvat »), faisant écho à d’autres formations ayant réussi aussi le pari des répétitions hypnotiques.

Mais Fluisteraars serait un peu moins Fluisteraars sans ses mélancoliques interludes et passages atmosphériques, véritables régals pour les amateurs d’un Black Metal très introspectif. Si « Dromers » souffrait parfois de certaines longueurs lors de ces passages (notamment « De Doornen »), « Luwte » corrige le tir et présente une version soignée, plus prenante de ce qui aurait pu se trouver auparavant chez les Hollandais : une fin de piste acoustique accompagnée cette fois-ci par un feedback sale et presque Drone, une interlude mélodique joliment appuyée par cette basse discrète mais indispensable, une autre accompagnée d’une guitare acoustique ; Fluisteraars varie la construction sonique de son monument à l’angoisse avec soin et classe, sans éprouver le besoin inutile de trop faire pour paraître original à tout prix. Ce qui au final est un peu à l’image de la prestation vocale du chanteur : efficace, discrète et presque anonyme, laissant les riffs et ambiances parler d’eux-mêmes afin d’accompagner l’auditeur dans cet espace tumultueux, abrité du vent mais à la merci de ses propres démons.

Thématiquement et musicalement restant dans la même veine que « Dromers », « Luwte » parvient néanmoins à surpasser son prédécesseur sans problèmes aucuns, le groupe ayant compris que seules des répétitions lancinantes ne pouvaient pas suffisamment rassasier les amateurs du premier opus pendant 44 minutes, soit 9 en plus que sur « Dromers ». Plus varié, plus convaincant, mieux produit, « Luwte » est l’exemple même d’un (Post-)Black Metal Atmosphérique terriblement efficace, hypnotique, à la fois extrêmement beau et glaçant.

Lapin