mercredi 25 novembre 2015

Live-report : Vektor + Angelus Apatrida + Distillator au Glazart (Paris)

Ce n'est pas forcément hyper serein que l'on se rend au Glazart en ce dimanche 22 novembre. Une semaine après les attentats ayant frappé Paris, on pourrait supposer que l'ambiance allait être fortement pesante. Quelle surprise de voir nombre de personnes rigoler et boire une petite pinte, comme si de rien n'était. Quel plaisir, également, de retrouver bon nombre d'amis et de connaissances pour une date fortement attendue par les fans de Thrash. Car même si la salle n'est pas remplie, nous retrouvons ce soir-là une vraie bande de passionnés pour qui la musique est un exutoire et, finalement, une passion avant tout de chose.

J'avais un peu peur de voir Vektor au Glazart, je dois bien l'avouer. Cette salle n'est pas spécialement réputée pour avoir un bon son, bien au contraire. Alors pour du Thrash, ça peut vite partir en bouillis sonore.

Pourtant, quand Distillator commence à jouer, la première réaction que l'on a c'est "Ouah mais le son est bon !". Les mecs de Distillator nous viennent tout droit des Pays-Bas et proposent du Thrash old-school, classique certes, mais d'une efficacité redoutable : à coup de gros riffs old-school et de compos survitaminées, les Hollandais vont tout détruire sur leur passage. Devant un parterre moyennement rempli (mais qui va grossir au fur et à mesure du show des Hollandais), Distillator va nous montrer qu'ils en ont dans le froc à coup de "Shiver in Fear" ou "Revolutionary Cells". Notons également un final sur "Black Magic" de Slayer et vous obtenez une première partie hyper classique mais qui donne la patate à la seconde où elle commence à jouer.


Je ne suis pas forcément un gros gros fan des groupes de Thrash récents (hormis quelques exceptions comme Gama Bomb, Vektor bien sûr, le premier skeud de Lost Society, Havok et maintenant Distillator !) et Angelus Apatrida fait partie des groupes qui me laissent, désormais, de marbre. Je dis "désormais" car il est vrai qu'il y a quelques années, j'appréciais plutôt bien les Espagnols. Mais bon, leur Thrash ne me fait, maintenant, ni chaud ni froid en studio. Quid du live ? C'est efficace, pour sûr, mais je n'accroche toujours pas des masses. Pourtant, force est d'avouer que les membres se donnent à fond : haranguant le public régulièrement, assez communicatif dans l'ensemble et proposant des titres tantôt rapides/bien Thrashy, tantôt un poil plus mélodique sur certains refrains (titres sûrement issus du dernier album que je ne connais pas bien donc forcément...), Angelus Apatrida fait mouche auprès d'un public acquit à leur cause. J'ai reconnu quelques titres comme "Give'Em War" ou le final "You Are Next" assez efficace, il faut bien l'avouer. Ce n'est plus vraiment ma came mais le concert était loin d'être mauvais.


Il y a certaines fois, lorsqu'un concert débute et que l'on entend seulement quelques notes de guitares, on se dit immédiatement : "ce concert va être énorme !". Ce fut clairement le cas pour mon premier concert (et sûrement pas le dernier !) de Vektor ! S'il y a bien un groupe récent de Thrash qui vaut le détour, c'est bien eux : techniquement incroyable, proposant des structures de chansons tantôt bien rentre dedans, tantôt très alambiqués avec une voix bien éraillée, limite Black par moment, Vektor met le paquet en studio. Et en live alors ? On retrouve la même hargne, la même technicité, la folie du live en plus. Vektor piochera dans ses deux albums : dans Black Future bien sûr avec la chanson éponyme très efficace et fédératrice en live, "Deoxyribonucleic Acid" ou encore "Asteroid" en rappel mais aussi Outer Isolation avec le must "Testrastuctural Minds"et le meilleur titre de la soirée à mes yeux, l'incroyable "Accelerating Universe" qui du haut de ses 13 minutes va clairement m'hypnotiser tant la prestation du groupe sur ce titre est proche de la perfection. Vektor proposera également 3 nouveaux titres, issus du prochain album à venir en 2016, dont la très bonne "Ultimate Artificer" que l'on a pu écouter en amont sur internet.

Vektor a proposé un show incroyable devant une salle certes loin d'être complète, mais composée de passionnés avant tout. Les trois groupes ont fait mouche ce soir, mention particulière pour Distillator qui a su ouvrir la soirée de la plus belle des manières et bien sûr pour Vektor qui prouve que même lorsque l'on est un groupe de Thrash récent, on peut être original, doué et impressionnant techniquement.



J'ai passé une superbe soirée en compagnie de pas mal d'amis et connaissances. Et si je ne le fais jamais d'habitude, car c'est un live report et pas un statut facebook, je vais finir, exceptionnellement, par remercier toutes les personnes qui étaient là ce soir et avec qui j'ai pu discuter, rigoler et passer de bons moments malgré une ambiance Parisienne assez tristounette. Merci à : les trois membres de Deathroned qui sont toujours de la partie et avec qui on s'éclate bien (Arno, Jul Jul, Dave !), Karina, Jérôme, Alex et Hélène, Flofl', Chabi, Titouan, Sebastien, Mathieu, Alexandre et Eugénie, William d'Above Us, Pok, Meli Sane !

Chab

jeudi 5 novembre 2015

Chronique : Vhöl - Deeper Than Sky



Triste de ne plus officier que dans une seule formation après le split du groupe de Post-Black Ludicra, John Cobbett (toujours gratteux chez Hammers of Misfortune) s’entourait il y a 2 ans de quelques personnalités du milieu Metal pour relancer un projet « dans la veine de Discharge et avec des riffs de Judas Priest ». Ayant rappelé son bon pote Aesop Dekker, ex-batteur de Ludicra et officiant chez Agalloch ; ainsi que Mike Scheidt, le vocaliste talentueux de Yob à la voix si caractéristique, Cobbett lance Vhöl fin 2012 et en termine le line-up avec sa femme, Sigrid Sheie, à la basse. Supergroupe ? Vous avez dit supergroupe ? 

C’est vrai qu’avec un line-up pareil, on pouvait espérer s’attendre à une musique intéressante, et le combo américain n’a pas déçu avec le premier jet sorti chez Profound Lore en 2013 : Vhöl balançait un hybride entre Black illuminé aux leads hétéroclites qu’on pourrait aisément qualifier de « cosmiques », et d’un Speed Metal burné à l’énergie bien Punk. Primal, puissant, tout en gardant une énergie très psychédélique, voire extraterrestre, avec des breaks atmosphériques teintés d’Ambient et des compositions dominées par la voix illuminée et très aigue du sieur Scheidt. Autant dire qu’après une telle surprise, j’attendais le successeur de l’éponyme avec impatience.

Démarrant sur les chapeaux de roues, Deeper Than Sky pose d’entrée la différence majeure avec Vhöl : moins de Black, l’album se veut plus axé Speed/Thrash. Dès les premières secondes, les riffs et soli de l’intraitable John Cobbett défilent dans un style très Thrash pour se faire ensuite accompagner par la voix toujours aussi reconnaissable de Mike Scheidt. Le refrain arrivé, l’auditeur peut tout de même se rassurer en se disant que tout ce qui faisait un excellent album du précédent est toujours présent ici, quoiqu’en dose plus subtile : les arpèges cosmiques du prérefrain dominées par les cris illuminés de Scheidt ne trompent pas.

Cependant, comme dit plus haut, le côté psychédélique des compositions s’est un peu estompé et prend moins de place. C’est plutôt évident sur « 3AM », la piste la plus Punk du disque, « Deeper Than Sky » et son riffing Thrash très véloce et même assez technique, ou encore « Red Chaos », véritable rouleau compresseur au refrain extrêmement addictif et dont la double grosse caisse se fait un plaisir d’accompagner les riffs étouffés bien nerveux. L’essence Black du premier album perd aussi un peu de consistance, revenant comme sur « Lightless Sun », « The Tomb » (toutes deux en fin d’album), ou lors de blasts plus épars.  Malgré ce manque, l’ambiance très sci-fi illuminée du premier album persiste.  On peut par exemple citer la chanson-titre et son long break envoûtant, entre Ambient cosmique et Post-Rock, dont une flûte dissonante vient compléter les cris désarticulés de Scheidt en proie au vide de l’espace infini. « Lightless Sun », piste la plus Black et la plus proche du premier album, est elle aussi délicieusement ambiancée, et je ne peux résister de parler de cet instant magique lors duquel la batterie blaste sur des arpèges acoustiques de la guitare pour un rendu assez fabuleux du vide intersidéral. On notera aussi la volonté du groupe de toujours vouloir faire transpirer ce côté bariolé de la science-fiction par les superpositions de plusieurs pistes vocales de Scheidt afin de donner un air grandiose et théâtral aux morceaux (le break de « Red Chaos » est absolument génial), ou de nombreuses petites pauses acoustiques entre les assauts des riffs véloces pour rééquilibrer l’ambiance.

Si les atmosphères se font plus subtiles, Deeper Than Sky gagne par contre une dose non-négligeable de fun à l’ancienne. Tous les riffs transpirent ce glorieux Speed/Thrash infusé d’une énergie Punk (en vrac) des années 80 et, contrairement au premier opus, John Cobbett se fait ici un malin plaisir à envoyer de nombreux soli très typiques dans les oreilles de l’auditeur, toujours dans une veine assez bigarrée et un peu excessive (dans le bon sens du terme) qui renforce le côté théâtral de la galette. Impossible aussi de parler d’amusement sans évoquer « Paino », à la faute intentionnelle, mettant en scène un piano martelé avec force par Sigrid Sheie et uniquement accompagné de sa basse vrombissante et de la batterie. Véritable moment phare de l’album, c’est un peu la « Cantina Song » de la bande à Cobbett : une piste addictive et ultra sympathique comme bande-son d’un saloon se voulant repaire de brigands de l’espace.

Grosse amélioration par rapport au premier opus, c’est la production 5 étoiles que nous a concocté le guitariste en chef. Tous les instruments sont à leur place, en commençant par les guitares très tranchantes, acérées et dont les soli transpercent vraiment les cieux. C’est aussi un réel plaisir d’écouter la superbe basse de Sheie : sachant toujours se faire entendre, elle occupe une espace considérable dans le spectre sonore et se permettant quelques petites folies comme sur « Paino », le solo au milieu de « Red Chaos » et différents breaks plutôt délectables, avec un son très gras et distordu mais à la clarté exemplaire.  Aesop Dekker n’est pas en reste et bénéficie d’un traitement très carré pour sa batterie qu’il se fait un plaisir de marteler dans un exercice de style beaucoup moins subtil en apparence que chez Agalloch mais dont la maîtrise est évidente ; du Thrash plus basique à la double basse furieuse de « Red Chaos » et en passant par les blasts de fin d’album. Quant à la voix de Mike Scheidt, elle supplante tout ce joyeux bordel avec aisance et versatilité. Qu’elle s’essaie aux chœurs bourrés d’échos ou au cris Thrash plus bourrus, elle parvient toujours à convaincre. Les fans du bonhomme seront aussi comblés, sachant que ses aigus si particuliers qu’on admirait déjà dans Yob occupent une bonne partie du disque.

Au fil des écoutes et après une relative incompréhension de ne pas retrouver immédiatement ce qui faisait de Vhöl un grand album, force est de constater que de Deeper Than Sky est une mutation réussie d’un groupe qui ne se contente pas de ressortir les mêmes compositions sous un nouveau nom. Perdant un peu du côté Black mais gagnant en Thrash et distillant ses ambiances avec plus de parcimonie, Vhöl signe un opus mature et complet, pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment leur Metal original, empreint d’une nostalgie respectueuse mais regardant toujours en avant.

Lapin

 


dimanche 1 novembre 2015

Live-report : Slayer + Anthrax + Kvelertak (Zénith de Paris)



Je n'étais pas vraiment tenté de venir à cette date. Dans l'idée, l'affiche était jolie mais le prix (50.50€) me rebutait, en particulier car la tête d'affiche ne me tentait pas plus que ça. J'apprécie Slayer bien évidemment mais les ayant déjà vu 3 fois, leurs shows se veulent assez identiques en général. De plus, leur dernier album, Repentless, n'est vraiment pas inoubliable.

Mais bon, revoir Kvelertak et Anthrax était une bonne raison de se déplacer le 26 octobre au Zénith de Paris. Du coup, me voici, en compagnie de pas mal d'amis et connaissances devant la salle, à discuter et attendre l'ouverture des portes.

Quid de cette soirée ?

Tout débute avec Kvelertak qui, en quelques années, ont vu leur notoriété s'envoler. Je me souviens encore de la première fois où je les ai vus : c'était au Glazart, en ouverture de Coliseum. A titre d'information, nous étions 15 devant leur show à cette époque. Mais ça c'était avant car, même si le Zénith est loin d'être rempli quand le groupe arrive 18h30, le public se voulait bien chaud (le pit commence déjà fort) quand le groupe balance "Apenbaring".

Même si le son se veut assez brouillon, le groupe est bien en forme : le chanteur commencera par mettre sa tête de hibou/chouette (désolé mais la différence entre les deux.. je ne la connais toujours pas !) et tout s’enchaîne vite : "Nekroskop" déboule et met tout le monde d'accord puis le tubesque "Mjod" convaincra les plus indécis. Kvelertak est ici pour mettre le feu et c'est totalement réussi. Fier de deux albums, le groupe proposera un savoureux mélange des titres de ceux-ci avec "Manelyst", "Ulvetid" ou encore, en finale, la fédératrice "Kvelertak". Peu de chose à dire sur leur show : c'était carré, efficace bien qu'un peu trop court. Mais on a rarement vu une première partie aussi bien acclamée !



Cela se voyait au nombre de t-shirts à leur effigie, Anthrax était attendu au tournant surtout depuis leur annulation, un an auparavant, sur la date regroupant Slayer, Anthrax, Mastodon et Ghost mais aussi l'annulation de leur venue au Hellfest 2015. Autant dire que les fans attendaient avec impatience la venue des Ricains. Alors, verdict ?

Un show vraiment plaisant, dynamique mais malheureusement entaché de quelques défauts. Tout d'abord, Belladonna qui, à plusieurs reprises, chante faux. Je suis d'accord, il n'a jamais brillé par son talent vocal (surtout comparé à Bush !) mais cela faisait un peu grincer des dents par moment. Le second défaut se révèle être la set-list. Bien sûr, on retrouvera de très bons titres comme "A.I.R", "Caught in a Mosh", "Madhouse", "Indians", "Among the Living" et même une reprise de "March of the S.O.D" qui fait vraiment plaisir à entendre mais, malheureusement, on notera l'absence de "I Am the Law", "N.F.L" ou encore "I'm the Man" pourtant joué sur d'autres dates. Et c'est vraiment dommage, surtout que jouer "Antisocial" ou "In the End" n'était vraiment pas nécessaire...

Ne boudons pas notre plaisir car le groupe a tout de même envoyé la sauce en live : les tubes "Madhouse" ou "Caught in a Mosh" font toujours leur petit effet. Le public chantera à tue-tête les refrains et se lâchera dans le pit, encore plus conséquent que sur Kvelertak. Le final sur "Among the Living" fut vraiment très bon, montrant un groupe ayant du vécu, certes, mais loin d'être k.o : une énergie incroyable a été déployée durant tout le show d'Anthrax. Belladonna s'en donnera à cœur joie et occupera toute la scène sans soucis tandis que les musiciens balanceront la sauce durant l'heure de jeu (une petite heure !) accordée au groupe.

Anthrax en live, c'est toujours sympa : des titres fédérateurs, une énergie positive à bloc, un public déchaîné... Il est juste dommage que le groupe ne prenne pas un peu plus de risques sur sa set-list. Certes, le temps de jeu n'était pas non plus infini me direz-vous mais Anthrax gagnerait à mieux choisir ses morceaux. Et puis, une tournée en tête d'affiche serait franchement la bienvenue depuis le temps !



Je l'avoue, ayant déjà vu 3 fois (maintenant 4 du coup) Slayer en live, je ne m'attendais pas à de grosses surprises. J'entends par là que j'attendais un show carré, efficace mais bougrement classique. C'est exactement ce que j'ai eu. En fait, Slayer en live, c'est quand même très bon mais, passé la première fois qu'on les voit, on n'a tout simplement plus aucune surprise.

D'accord, le groupe a ajouté quelques titres du dernier album en date Repentless mais le show se révèle être dans la même veine qu'en 2014. A coup de "War Ensemble", "Chemical Warfare", "Die by the Sword", "Black Magic" ou encore "Seasons in the Abyss", Slayer a retourné le Zénith, comme à l'accoutumée. On notera l'absence de titres comme "Antichrist" ou "Spirit in Black" qui faisaient mouche sur la dernière tournée.

Le dernier album était donc, comme je l'ai dit plus haut, représenté dans la set-list : "Repentless" en ouverture, "Vices" ou encore "When the Stillness Comes". Si autant "Repentless" passe vraiment bien le cap du live et, finalement, s'incorpore très bien à la set-list du groupe, les autres titres restent bien en deçà des autres titres du groupe. La raison ? Ce dernier album loin d'être fameux, manquant même de couilles et de sueur : du Thrash bateau, loin d'être renversant, manquant de titres percutants et de solos dantesques. Un album typique du Slayer des années 2000 en somme.

Visuellement, Slayer reste très sobre : pas de fioritures, pas de musiciens qui bougent et s'approprient la scène.. non chacun est à sa place et le groupe cherche juste à envoyer la sauce. Et il est vrai qu'au bout d'un moment, ça devient un peu rébarbatif : faites un petit effort les gars et essayez juste de vous démarquer d'une tournée sur l'autre, qu'on ait pas l'impression d'assister 20 fois au même concert.

Efficace, classique (un peu trop justement), Slayer a néanmoins prouvé encore une fois qu'il était un poids lourd du Thrash US. Je n'étais clairement pas venu pour eux mais il est toujours plaisant de voir un concert des Ricains même s'ils passent peut-être un peu trop souvent. Oh tiens, ils viennent d'être annoncés au Hellfest... bon bah peut-être un 5ème round en 2016 alors !


Une soirée plutôt bonne dans l'ensemble, manquant peut-être du petit grain de folie qui aurait apporté un petit plus. Néanmoins, il est toujours plaisant de voir ce genre d'affiche arriver dans notre pays, même si le prix se veut en général assez élevé.

Chab