samedi 19 septembre 2015

Live-report : un rendez-vous black metal immanquable à Grenoble


A Grenoble, ville dans laquelle je vis depuis maintenant 4 années, il y a plusieurs rendez-vous black metal dans l'année. Mais dans la plupart des cas, il s'agit de petits groupes dans de minuscules salles. Il y a cependant au moins UN grand événement black metal dans l'année. L'année dernière, au mois de novembre, il s'agissait de la venue des italiens de Forgotten Tomb, qui délivrèrent une bonne prestation, accompagnés des premières parties grenobloises Nocturnal Depression et Livets Angest, le premier de ces deux-là étant tout de même un groupe connu pour qui connait la scène black.

Et en effet nous retrouvons Nocturnal Depression en première partie de Shining et The Great Old Ones (ces deux groupes faisant une tournée commune en ce moment, comme vous pouvez le voir au-dessus) le 13 septembre 2015 dans la salle grenobloise La Bifurk. Le fait que cette soirée de concerts a été organisée dans cette salle est pour le moins étonnant, puisque habituellement il n'y a pas de concerts metal là-bas, le style de la maison étant plutôt pour tout ce qui est punk/ska/reggae/...
C'est donc une bonne nouvelle que cette salle se diversifie un peu plus.

Nocturnal Depression est un groupe respecté, jouant un black metal à la fois dépressif et très mélodique dans les riffs. Je ne connais pas par cœur leurs 7 albums, mais c'est agréable à écouter en studio et le nouvel album Spleen Black Metal me plaît bien. Par ailleurs, leur très bonne prestation en première partie de Forgotten Tomb l'année dernière m'a vite donné envie de les revoir.
Effectivement, Nocturnal Depression ça prend toute une dimension en live. Les morceaux sont déjà de base superbes, et en concert j'ai pu ressentir profondément l'atmosphère, les mélodies de guitare, la lourdeur de la basse, les blast-beats du batteur dans les moments rapides, ainsi que la beauté et la mélancolie des passages plus calmes.
De plus, malgré le côté dépressif de leur musique, le groupe était très heureux d'être là, d'autant plus que la salle n'était pas du tout vide. Et je suppose que ça fait toujours plaisir de revenir jouer à domicile lorsque l'on est en tournée dans plusieurs pays (en effet, leur concert de la veille avait lieu à Rome). Il faut préciser que le public était d'ailleurs réceptif et a chaleureusement acclamé le groupe.
Tous les morceaux ont fait leur petit effet, que ce soit le très beau "L'Isolement" issu du dernier opus ou le prenant "Dead Children", qui est devenu un classique.
Mais il nous faut accepter que le groupe ne joue pas 3 plombes, puisque deux autres groupes très intenses sont prévus.



Le groupe bordelais The Great Old Ones a beau être récent (formé en 2009) et n'avoir sorti que deux albums, le groupe a tout de même su se faire une belle place dans le milieu du metal extrême français, car vite acclamé par la critique. Il faut dire que les deux opus sont effectivement de qualité et que le style proposé est plutôt populaire aujourd'hui (dans un genre proche, Regarde Les Hommes Tomber vit une ascension similaire), à savoir une sorte de "post-black metal", terme qui ne me satisfait pas beaucoup, car décrivant de manière très limitée les influences et l'atmosphère de leur musique, qui s'enrichit d'éléments doom et sludge notamment.
Que nous proposent donc les 5 bordelais ce soir? Eh bien ils auront la même configuration que sur leurs albums, avec rien de moins que 3 guitaristes en plus du bassiste et du batteur. Par ailleurs, 2 des guitaristes alterneront le chant.
TGOO, fidèle à ce que j'en attendais, délivra un show lourd, à l'atmosphère sombre et prenante. Visuellement, il n'y a pas tromperie sur la marchandise, ne pas voir que Lovecraft est leur source d'inspiration première serait avoir de sérieux problèmes de vue puisque le portrait de cet auteur est affiché en très grand en arrière-plan et qu'une sculpture toute mignonne de Chthulu est installée au devant de la scène.
Le quintet débute avec l'intro du dernier album, puis enchaîne avec le premier morceau de celui-ci, à savoir le majestueux "Antarctica". On assistera ensuite à "Visions of R'lyeh" du premier opus qui sut également aisément convaincre le public, avant de revenir au plus récent "The Elder Things". Le concert enchaînera avec un nouveau morceau, qui m'a personnellement satisfait et s'inséra particulièrement bien au sein de cette set-list avec cohérence. Tout se termine avec "Al Azif", titre éponyme de la première offrande du groupe. Nous finissons de suffoquer mais on en aurait aimé plus, c'était évidemment bien trop court...



Place maintenant à Shining, la bande à Niklas Kvarforth, qui s'est sûrement ramenée à Grenoble avec plaisir, vu que la date est organisée par Metallian Productions, organisation très proche de Niklas. Celui-ci est effectivement bien pote avec l'équipe : il a écrit plusieurs chroniques pour Metallian et était ZE invité du "vernissage" de la boutique Metallian Store de Grenoble.
Le fait que TGOO fasse une tournée commune avec Shining a sûrement fait froncer des sourcils, pourtant j'ai tout de suite trouvé cela cohérent, vu l'évolution du style de Shining en une sorte de black metal progrockisant.
Shining dispose d'un certain nombre de fans dans la salle, car on voit tout de suite que le groupe est en terrain conquis. Le public ne cache pas son bonheur.
Si le début du premier morceau m'a moyennement convaincu au niveau du son, les ingé-sons ont su rapidement se rattraper.
Le groupe débuta en fait par 3 morceaux du nouvel album en date, avant de jouer quelques classiques, et notamment la reprise "Ohm" de Seigmen, pleine d'intensité. La voix parfois très folle (tantôt hurlée, tantôt claire ou chuchotée, et parfois des cris de taré) de Niklas passe bien le cap du live, et les musiciens sont d'une efficacité sans faille. L'ambiance dans le public est très sympathique, et sur les derniers titres joués, il se déchaîna avec un joli pit. C'est rare d'en voir sur du black metal. Enfin, black metal...faut le dire vite. Ce serait oublier les diverses influences qui ponctuent la musique de Shining. En effet, il y a des passages beaucoup plus rock, à la limite du blues et du prog, avec des soli de guitare très beaux et ne provoquant absolument pas d'incohérence à mes yeux (ou plutôt à mes oreilles).
Si je venais surtout pour les deux premières parties, la prestation du charismatique Niklas et de ses acolytes m'a convaincu que Shining était également un groupe "live" qui ne fait pas que "faire le boulot" mais proposant réellement une expérience qu'on n'oubliera pas, à la fois professionnelle et délirante. Je reprocherai cependant la courte durée du set...



Conclusion, une soirée intense dont je me souviendrai. Merci aux groupes, à Metallian Productions et au public pour s'être déplacé acclamer ces trois combos talentueux.

Hépha

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